Je sens venir à grand pas l’heure de la quarantaine. Et c’est l’heure du bilan. De mes rêves d’enfance, avoir une ferme, être indépendant, fonder une famille, enseigner, j’en ai réaliser deux, les deux derniers. C’était les plus faciles. Ceux qui se sont réalisés le plus naturellement. Un ami m’a dit un jour : les rêves ne sont pas fait pour être réalisés. Depuis ce jour je cherche encore la fonction du rêve.
Je ressens les rêves et les désirs comme étants le ressort d’une expansion du moi, de l’égo, un égo qui cherche inlassablement à se satisfaire. Comme si nos vies n’était qu’un long apprentissage, qu’une longue mort de notre égo, pour que nous acceptions de ne rien faire, pour que nous acceptions la loi du Tao, loin des idées toutes faites et arrêtées qui déforment notre vision, qui nous empêchent de voir l’Unité. Accepter que l’homme détruise la terre tout en pensant que les jeux ne sont pas faits, que toutes les cartes du taro n’ont pas été tirées. Accepter les capitalistes et leur volonté écrasante qui ne tient compte que d’un seul chiffre, celui du bénéfice, accepter aussi qu’il existe des hommes, des alter-mondialistes, qui prennent une autre voie sans retourner à l’âge de pierre…
Mais le problème qui me poursuit, mon inquiétude profonde est elle vraiment là dans ce dernier paragraphe : le problème est il “le monde comme il va” ou “ce que je suis” ?
N’est ce pas plutôt ce que je disais au début : la mort d’un égo annoncée qui n’en finit pas d’être annoncée.
A bientôt quarante ans, pourquoi n’avoir envie de rien faire ? Et se sentir capable de rien. Vous me direz c’est la déprime de la quarantaine. Je vous dirais qu’elle dure depuis longtemps. Vous qui lisez ces mots, vous ne pouvez les lire sans vous dire qu’ils sont trop larmoyants, qu’ils débordent trop, que vous n’en demandez pas tant et qu’il vaudrait mieux que leur auteur se taise une bonne fois pour toute. Qu’il vaudrait mieux qu’il nous fasse encore des cours de maths ou sa dernière idée en tête des petits textes sur habitat haute qualité écologique, en un mot les maisons bioclimatiques à l’heure des problèmes énergétiques et de la pollution de l’atmosphère en dioxyde de carbone responsable de l’augementation de l’effet de serre.
Oui, c’est ce qu’il se dit aussi. Mais il a pris la facheuse manie d’écrire sa vie, même si c’est souvent obscure. La tristesse est un sentiment que l’on ne peut pas partager à moins d’être triste soi-même. Les humains résolument optimiste, bien dans leurs peaux, sûrs d’eux mêmes et de leur actes ne trouveront pas leurs comptes dans mes bafouilles.
Alors je vous le dis : je ne peux pas cesser mes atermoiements. Je crois que je continuerai à écrire ainsi jusqu’à ma mort.
Que bien m’en fasse !!!