Les mots ont des couleurs qu’on voudrait assembler
Pour refléter l’idée que l’on croit la dernière
On relit son papier on se laisse flatter
Mais le définitif ne peut faire carrière
Nous voilà un peu fier à répéter des mots
Que l’on voudrait grandiose et qui de jour en jour
A jamais se répètent et sonnent comme faux
Car nulle vérité n’a encore vu le jour
Et d’erreur en erreur on affirme et l’on crie
Dans la cacophonie d’un univers de fou
Certains partent en guerre et justice poursuivent
Et d’autres solitaires creusent doucement leur trou
Les idées qui nous mènent entraînent des chaos
De ces révolutions qui tuent les innocents
Le désordre est flagrant au sein de tout troupeau
Qui se laisse guider par une main de sang
Le monde peut tourner je suis entre ses bras
S’écrit le solitaire du fond de cette foule
Mais sa voix vient mourir sur un tas de gravats
Le voilà désolé d’être en dehors du moule
Il ne saura jamais le bonheur d’être heureux
Baigné de certitudes et de fameux slogans
Et pour lui chaque jour le doute sera grand
Ses mots s’associeront et se mordront la queue
Tout seul et sans savoir et dans son abandon
Un homme solitaire ne pourra répéter
Comme une humble prière qu’il ne peut annoner
Ces mots de vérité que toujours nous rêvons
Souvent la dérision nourrit son ironie
Et le voilà qui pleure comme vient à mourir
Sur ses lèvres gourmandes un de ses beaux sourires
Qui rajeunissent l’âme et son flot de soucis
Sa vie est sentier vierge et nu comme un vers
Qu’il emprunte avec joie sans savoir où il va
Sa solitude est reine et parfois un enfer
Et son espoir est rare et ténu ici bas
Les mots que l’on répète à longueur de journée
Ne sont pas bâtisseurs de nouvelles contrées
Nous voilà silencieux pour une éternité
Notre vie est un champ que l’on vient de semer