Le dernier monde libre – Idfolles

Le dernier monde libre

Voilà j’ai trouvé le titre de mon prochain roman : “le dernier monde libre”

En voici le début

1

Comme un oiseau qui plane au dessus de la terre, je traversai mon Morvan natal, j’allais de collines en collines sur cette vieille montagne érodée depuis la nuit des temps, au dessus des forêts, ces vieilles forêts de feuillus de hêtres et ces châtaigniers importés en Gaule par les romains. Je survolais Villapourçon, je survolais Larochemillay, son vieux château. C’était comme dans un rêve, puis le rêve devint réalité : j’entendis le bruit des pales de mon hélicoptère. J’étais au commande. Une sensation bizarre m’envahissait, une sensation que j’avais déjà vécue, souvent au volant de ma voiture sur les routes sinueuses de cette vieille montagne. Je regardais dans le rétroviseur : une voiture me suivait et l’instant d’après elle n’y était plus. Un instant auparavant c’était comme si j’étais un oiseau et soudain je tenais le manche pour diriger un hélicoptère.

Je savais qui j’étais. Mon nom était Dubiet, un vieux nom bourguignon, une vieille lignée, j’avais vécu toute mon enfance dans ce château, dans ce parc où j’atterrissais. Je posais l’hélico. Personne pour m’accueillir. Le temps où nous avions des domestiques en nombre étaient loin. Ici, je n’avais qu’une famille qui vivait à l’année : les gardiens. Tous les travaux étaient réalisés par des entreprises locales.

A peine arrivé, je me connectais sur mon portable. J’étais le premier arrivé

Puis j’appelai Mister Tesla : “Hello, how are you. Have you good travel from USA… So, you’re in Le Creusot TGV station. Good. A few hour and you will be in my home. Have you the writings from your great father ?…. Good.. So i prepare your arrival… Thank you, Bye.”

Le Creusot TGV à une heure trente de Paris. Mister John Tesla est une personne de grande taille au faciès anguleux. Le pas alerte il s’avance en compagnie d’un homme jeune qui ressemble plus à un éphèbe qu’à un garde du corps, il s’avance vers un taxi, quand soudain un 4X4 aux vitres teintés s’arrête juste derrière ce dernier. En sort quatre barraqués aux lunettes noirs, trois des quatres maitrisent le garde du corps et le dernier arme au point s’empare d’une malette que John tient contre lui. Tout en le molestant il le pousse sur le siège arrière du 4X4.

Les trois autres finissent par assommer le jeune garde du corps.

Le 4X4 démarre en trombe. Tout s’est passé en une minute et les gens ébahis semblent comme scotchés devant un bon film. Un homme s’approche du jeune éphèbe, qui se remet des coups qu’il a reçu. Il lui dit : “j’ai noté le numéro de la plaque. Tenez.” Il lui tend un bout de papier.

Thanks

Ah vous n’êtes pas français, where are you coming from ?

USA.

Je suis docteur, comment vous sentez vous. Mon nom est longchamps.

Longchamps avait sortit d’une mallette des compresses et nettoyait le visage tuméfié du jeune homme

Merci, juste un petit coup au moral surtout. J’ai été surpris par leur nombre alors qu’ils ne pouvaient nous savoir là. Je parle un peu français, il faut vite que je téléphone. C’est très important.

De qui parlez vous ? Qui sont ces hommes ? Qui est l’homme qu’ils ont enlevés ?

Ne vous inquiétez pas pour ça. Je vais prendre le taxi.

Vous pouvez avoir des séquelles de vos coups à la tête. Je vous donne ma carte. Je travaille à l’Hotel Dieu du Creusot.

Merci pour tout. Le jeune éphèbe s’était relevé et malgré la douleur il s’engouffra dans le taxi où il prit aussitôt son portable pour téléphoner.

Tout en cherchant dans son annuaire le nom de Dubiet il dit au Taxi : Le château de Larochemillay s’il vous plaît.

Allo M. Dubiet, ici John. Ils ont mordu à l’hameçon. Ils ont emmené mon vieux majordome. Vous pouvez sans doute les suivre avec le gps que je lui ai fait avaler ce matin. Tout se déroule comme prévu…

John Tesla arrière petit-fils du savant se cala sur la banquette arrière. Il ne sentait déjà plus les coups qu’il avait reçu, tout heureux que leur plan s’accomplisse. Fatigué de son voyage il s’assoupit et tout son visage se détendit. En dormant il se mit à parler d’une voix grave et douce : “Tu as pris la bonne décision, ne pas perturber la sphère énergétique de la terre. Les secrets que j’ai découvert de mon vivant puis dispersé de part le monde se doivent d’être utilisé par des gens sages” La tête de John tomba d’un seul coup sur son torse. Il se réveilla sans se souvenir de son rêve. Le chauffeur du taxi lui dit : “vous êtes bizarre. Vous parlez dans votre sommeil”

Ah oui. J’ai dit quelque chose de spécial. Je ne me souviens de rien
Vous avez parlé d’une décision, de sagesse et de secret. Mais tout ça ne me concerne pas.
Très souvent je m’endors facilement et je rêve tout de suite. Mais je ne me souviens plus de rien au réveil. Comme si mon rêve s’effaçait de ma mémoire, comme si mon rêve était réel… La réalité d’un monde parallèle qui ne pouvait interférer avec notre monde
C’est bien ce que je dis, vous êtes bizarre vous ! dit le chauffeur en faisant crisser ses pneux sur le gravier de la cours du château.

Nous sortîmes tous sur le perron accueillir John. Qui n’a pas rêvé un jour d’être accueilli comme l’enfant prodigue, à bras ouvert. Mais ceci est une image en dessous de la réalité. Pour nous tous John Tesla, arrière petit-fils de Nicolas Tesla, physicien prodige comme son aïeul, était accueilli ici en Bourgogne comme le messie. Il devait nous apporter la lumière sur un mystère vieux de plus de 80 ans. John monta le perron, je lui serrai la main à la manière du shake hand américain. J’étais on ne peux plus heureux de le voir après cette année passée si mouvementée où nous avions couru le monde

2

Tout avait commencé il y a un an. J’étais dans mes bureaux de La Défense à Paris, entre midi et une heure, prenant une pose, quand je reçu un email de ma mère. Je m’en souviens encore :

ci joint je t’envoi l’adresse d’un site intéressant. Rend-toi sur le chapitre “énergies”.

http://franckwrite.wordpress.com/2009/10/09/nicola-tesla-un-genie-oublie/

Ayant un peu de temps devant moi et connaissant déjà le nom de Tesla comme l’unité du champ magnétique, je me rendais sur le site. Je visionnais toutes les vidéos, puis ma secrétaire me rappela la venue de mon premier rendez-vous. A l’époque j’étais chasseur de tête pour un cabinet conseil assez réputé : le cabinet Reutmann Brother’s.

Je recevais des candidats et je les évaluais. J’étais spécialisé dans les chercheurs en sciences et de haut niveau. J’avais pour habitude de les mettre face à leur incompétence probable ou improblable, devant un tableau noir. Le jeune que je recevais avait fait des études d’informatique et était titulaire d’un master 2 en IA. J’avais donc cherché un problème ardu de calcul en architecture parallèle. Mon bureau était vaste. J’avais la journée pour le tester. J’avais fait donc installer une vingtaine d’ordinateur en réseau. Après avoir écouter son boniment, ses différents stages, ses différentes réalisations je le prie donc de résoudre le problème du voyageur de commerce sur les 4663 Villes du Canada mais avec une condition supplémentaire : réaliser le programme en version mono-poste mais aussi en architecture parallèle. Quand je finis de lui expliquer le test je sentis comme une sueur froide envahir le candidat. Puis il me dit : « J’ai combien de temps »

Autant de temps que vous voulez sans l’aide ni d’internet, ni du téléphone. Vous êtes sur une île déserte avec du courant, des ordinateurs et ne vous inquiétez pas, je vous ferais parvenir de quoi vous nourrir.

Ah…

L’annonce stipulait que vous deviez avoir quelques jours devant vous.

Oui, mais je ne pensais pas à ça. Mais ne vous inquiétez pas ? J’ai étudié pendant mes études le TSP anacronyme du Travel Sailor Problem. Je ne m’attendais pas à un test de cette nature. Mais je veux le poste qui m’intéresse beaucoup.

Je vous laisse donc, je reviens vers 12h30 soit dans trois heures.

Je le laissai seul dans mon grand bureau. Je pris le café avec ma secrétaire, discutai un peu du changement climatique sans en dire trop sur mon propre raisonnement qui aurait pu la choquer. Enfin je pris le chemin d’un autre bureau, plus petit que le premier, où j’allumai successivement quatre écrans de contrôle qui me permettait de voir mon impétrant sous tous les angles. Il avait commencé par allumer tous les ordinateurs et avait choisi de s’installer sur le seul qui possédait Linux avec tous ses outils libres de développement au nom aussi baroques que mystérieux, perl, python, tcl tck, java… Ensuite il commença à écrire sur du papier blanc que j’avais laissé en évidence prêt du clavier. Je fis un zoom sur ce qu’il était en train d’écrire : du langage java, j’en étais sûr. On trouvais nombre de programme sur internet écrit en java et l’environnement de développement que j’avais mis à sa disposition du nom d’éclipse était très réputé dans le monde open source. Après une heure d’écriture, il lança le logiciel et continua d’écrire le programme directement sur le pc. Je continuais de l’observer. Il était très calme, très sûr de lui, sans aucune nervosité mais ses yeux étaient tout brillant. Je remarquais qu’il possédait un œil plus clair que l’autre, l’œil gauche pour être précis, d’un marron qui tirait vers l’or.Son visage était comme allumé sous les rayons rasant de ce mois d’octobre qui pénétraient dans mon bureau.

Vers midi juste avant l’heure que je lui avait indiqué je décidai de venir le perturber. Il avait bien avancé. Il m’expliqua même qu’il implémentait une variante de son cru qui utilisait les notions de ruisseaux, fleuves, méandres pour décrire le chemin optimum. Il avait fini la version mono-poste, il attaquait juste la version en architecture parallèle. Je lui fit donc tester son programme et comparait immédiatement la longueur de son chemin avec celle que l’on fournissait sur le site canadien où j’avais pris la liste des villes. Tandis que je masquait ma surprise à constater que son algorithme était le meilleur, je décidait de lui fournir la liste de toutes les villes des États-unis.

– M. Restouk, une fois votre travail fini, pourriez vous tester cette nouvelle liste de Villes.
– Sans problème, j’en ai pour encore deux à trois heures de programmation.

Il était plongé dans sa réflexion. Son visage reflétait une intense activité cérébrale. On ne m’avait pas menti sur ses capacités. C’était un plaisir de le voir travailler ainsi. J’avais hâte de voir le résultat de sa journée de réflexion.

Trois heure plus tard je retournais le voir. Il était à peine moins calme que ce matin. Une sorte de détachement l’habitait. Un calme à la fois joyeux et serein.
Quand je regardai son chemin du voyageur de commerce je ne fus pas étonner de constater qu’il était le plus court connu, ce à quoi je m’attendais mais j’étais plutôt stupéfait par sa rapidité d’exécution.

3

Deux mois plus tard l’entreprise américaine qui avait recruté M. Restouk me recontacta. Elle n’était plus sûr d’avoir besoin de ses compétences. J’étais très étonné car les tests qu’il avait subit s’étaient avérés très concluants.

Je décidai de le rencontré à nouveau pour savoir ce qui n’avait pas fonctionné entre eux et lui. Je lui donnai rendez-vous à L’hôtel restaurant Le Pullman en face du CNIT de la défense. Il était déjà là quand j’arrivais. Il se leva pour me saluer. Son visage toujours aussi souriant et calme ne reflétait aucune inquiétude. Nous commandâmes un apéritif. Je commençai à le questionner.

– Comment s’est passé votre job aux usa
– Très bien.

Il me décrit ses deux mois passés aux USA dans les moindres détails. Son arrivée à New-York sous la neige, dans le quartier du feu world trade center, un vieil immeuble du XIX e siècle avec tout un loft rempli d’ordinateurs et de nombreux informaticiens affairés qui à son entrée cessèrent leur travail et lui sourirent comme s’ils accueillaient le messie. Ils étaient tous très jeunes à part celui qui semblaient les superviser, un vieux beau, les cheveux grisonnant coiffés en brosse faisant des vagues ondulantes et brillantes, le sourire affable, sûr de lui.
Il lui dit :” c’est un projet top secret. Vous n’aurez pas besoin d’en connaître tous les tenants et aboutissants. Si vous nous avons embaucher c’est pour créer la gestion d’un réseau de six milliards d’états. Il vous faut imaginer 6 milliards de particules dans des états données toutes en relations les unes avec les autres et donner leur évolution. Vous en sentez vous capable ?”
Je répondis :
– je suis là pour essayer, non ? Je n’ai pas fait 5000 kilomètres pour rien !!”
– Bien, vous ne répondez pas à ma question. Je vous laisse une heure pour visiter notre centre de calcul, tout le monde est là pour répondre à vos questions puis nous ferons un premier Brain Storming…
Il tourna les talons et quitta le loft. Restouk s’avança vers le premier bureau.
Il se pencha sur l’épaule de Damien, il devait apprendre les noms de chacun des participants au projet plus tard. Damien ne bougea pas et lui tendit seulement une liasse de feuilles en lui disant : le groupe que je dirige modélise les relations de cause à effet, il les répertorie avant tout et ensuite les modélise.
– Une question : tous les programmeurs du projet sont ils ici ?
– Non seulement les chefs de projets. Les programmeurs sont dispersés dans le monde entier et ne connaissent qu’une partie infime du projet. Ici vous êtes dans le saint des saints.
– Ces relations de cause à effet sont de quelle ordre ? s’inquiéta Restouk.
– De trois ordres, physique, biologique, mais aussi psychique.
Restouk se dirigea vers un autre chef de projet :
– Bonjour
– Bonjour, quel est le centre d’intérêt de votre projet ?
– Je modélise les relations électromagnétiques entre le cerveau et la ionosphère.
– Ah c’est étonnant. Je ne pensais pas du tout qu’il puisse y en avoir. Mais dîtes moi s’il y en avait, des relations, tout le vivant ne serait il pas concerné et pas seulement les humains ? Non ?
– Sans doute mais nous nous intéressons uniquement aux relations humains-ionosphère et je peux vous le dire, c’est déjà assez complexe comme ça.
– Avez vous donc démontré qu’un changement électromagnétique dans la ionosphère entrainait un changement neuronal humain ? Vous m’étonnez de plus en plus ? J’avais entendu parler de recherches de cette nature par l’armée américaine en Alaska. Mais j’avais trouvé cela trop farfelu pour y croire. Vous pouvez m’en expliquer un peu plus !!
– Eh bien c’est justement de ces recherches dont il s’agit ! Elles ont commencé avec les théories de Tesla expliquant que l’on pouvait transporter de l’énergie électrique n’importe où sur la terre avec la précision que l’on voulait grâce à la ionosphère. C’est après sa mort que ses recherches ont été rendues secrètes et aussi développées. Nous nous sommes rendus compte qu’une impulsion électro-magnétique pouvait avoir des conséquences sur le comportement humain de toute une région du globe. Suite à certaines impulsions nous avons vu dans l’heure qui suit naître des soulèvements et des dictatures au dessus des régions où la structure de la ionosphère avait changé. Le changement de comportement atteint en général quelques personnes leaders qui entrainent par effet boule de neige toute une population.
– Comment en êtes vous si sûr !!
– Tout simplement car nous avons pu inverser certaines situation et inverser des phénomènes mégalomanes chez les leaders que nous avions créé qui dans la minute même prenait conscience de leur futur possible de dictateur et renonçait ou même sabordait leur action.
– Pouvez vous me donner des exemples précis.
– En fait il ne sont pas nombreux. Vous êtes français et le plus évident pour nous et vous aurez du mal à le croire c’est le renoncement de M. Jospin à la politique.
– Comment en êtes vous sûr à 100 % ?
– Nous les avons interrogé et passé au scanner INR avant et après notre impulsion électro-magnétique. Ils ont fait parti de l’expérience à leur insu bien sûr.
– Y a-t-il une documentation relatant l’ensemble de ces expériences ?
– Pour l’instant vous devez seulement avoir une vue d’ensemble du projet. Nous vous dirons ensuite sur quoi vous travaillerez spécifiquement, intervint le vieux beau qui était revenu. suivez moi ajouta-t-il nous allons déjeuner.

4

Ils sortirent du bâtiment où se situait le Loft et se rendirent dans la cafétéria la plus proche. Le vieux beau s’appelait Thomson. Pendant le repas il resta très évasif, ne répondant quasiment pas aux questions de Restouk. Celui-ci se demandait dans quelle société secrète était-il tombé. De plus en plus tendu et angoissé il posa une dernière question comme on pose sa dernière bonne carte.

– Pourquoi m’avez vous choisi, vu mon profil, et surtout pourquoi me faîtes vous venir dans le saint des saints de votre projet.

– voyez vous aussi farfelu que cela puisse vous paraître nous faisons intervenir des têtes chercheuses pour nos recrutement. Le cabinet qui vous a recruté vous a fait passer un certains nombres de test dont un en particulier qui a été très positif du point de vue de la créativité et de l’intuition. On dit de certaines personnes qu’elles ne seraient même pas assez doué pour inventer le fil à couper le beurre ou l’eau chaude… Vous c’est tout le contraire. Vous êtes une fleur particulière dont les fruits restent insoupçonnables. Nos tests ne mentent pas. Si vous nous avons fait venir ici c’est que nous pensons que jusqu’à maintenant il vous manquait le terrain adéquat pour vous développer. Nous avons étudier votre vie depuis votre enfance, nous avons interrogé vos parents : tout a concordé pour nous faire comprendre que jusqu’à maintenant vous vous êtes ennuyé dans le vie.

– Je ne sais si vous avez raison. Ma franchise me ferait plutôt dire que mon intérêt pour les études s’est peu à peu émoussé. Vous avez sans doute lu mon blog et les idées contradictoires que j’y développe. Depuis la fin de mes études, c’est à dire depuis cinq ans, j’ai développé une théorie qui me tient beaucoup à coeur.

– C’est justement pour cela que nous pensons que vous pouvez apporter d’énormes changement à notre projet. Nous sommes plusieurs superviseur, des anciens, dans ce projet. Nous sommes unanimes. Votre créativité est indéniable.

Restouk ressentait une certaine joie à l’écoute de ces paroles. Lui qui développait ses théories dans l’anonymat le plus complet. Cet écho soudain lui faisait chaud au coeur. Thomson poursuivait :

– Nous allons vous laissez quelques jours découvrir le projet puis nous nous rencontrerons avec tous les superviseurs pour voir quelles sont vos propres vues et idées.

Nous avions fini de déjeuner. Nous quittâmes le fast food. Thomson laissa Restouk au pied du loft, dans la foule d’anonyme qui ne pouvaient savoir qu’ici se jouaient le destin de la communauté des humains, non pas leurs destins individuels, mais le destin de Gaïa. Thomson serra la main de Restouk d’une poignée franche et ferme. Il lui remit un pass pour l’entrée sécurisée du loft.

Restouk monta au dernier étage par l’escalier sans emprunter l’ascenseur. Il avait besoin de réfléchir. Tout en calant sa respiration sur son enjambée, il pouvait laisser aller ses pensées : il se rappelait toutes ces années passées, de son plus jeune âge jusqu’aux années d’études, toutes ces années passées où il s’était senti si incompris, si étranger aux autres et pourtant les comprenant plus qu’ils ne pouvaient le faire eux-mêmes. Il se rappelait ses années de solitudes et combien de fois il avait recherché en vain quelqu’un qui le comprenne. Au fur et à mesure qu’il montait les marches il comprenait qu’il renonçait à jamais à se faire comprendre, que ce qui demain allait le happer serait l’aboutissement d’une fracture qui ne pourrait plus jamais se combler. Qu’il était aujourd’hui prêt pour renoncer à changer la couleur du monde dans son ignorante crasse de certitudes. Il comprenait enfin sa différence, celle qui l’avait tant fait souffrir, celle qu’autrui lui avait tant reproché et lancé à la figure comme une tare horrible. Oui il était différent, oui il aurait tant aimé être reconnu et aimé. Mais ce n’était pas possible. Il savait comme une vérité immédiate que sa compassion pour le monde avait atteint sa limite. Non il ne pouvait plus lui pardonner sa facilité à tout salir, à tout détruire ce qui est beau, C’est sur cette réflexion qu’il arriva enfin au dernier étage.

Là il retrouva l’équipe de jeunes développeurs chacun derrière un écran concentrés sur leurs réflexions. L’image de neurones inter-connectés les uns aux autres et travaillant pour le bien d’un même organisme lui traversa l’esprit. Il se souvint de cet article scientifique qui relatait que 80% de l’énergie d’un corps humain était consommée par le cerveau. Il compara ce fait aux 80 % des richesses du monde qui étaient consommée par 20% de la population. Il avait aussi lu dernièrement que la frontière entre ce qui était humain et ne l’était pas était de plus en plus floue. En effet Les bactéries que l’on appelait autrefois “flore intestinale” était aujourd’hui appelées “microbiote” comme un être à part entière sans qui l’homme ne pouvait vivre.

La vie n’était pas qu’un processus individuel mais aussi un processus distribué. Et si les 90% de notre cerveau dont on ne se servait pas était en fait occupé à faire les calculs aléatoires comme un programme parallèle et génétique, distribués, aux calculs simples mais dont la force était le parallélisme….

Il en était là de ses réflexions mais au bout d’un mois de travail dans ce loft secret, il compris que ses réflexions n’était pas loin de la réalité. En fait big Brother existait bien dores et déjà dans les faits. La ionosphère comme l’avait découvert Tesla n’était que la base de données du monde injectant l’information dans ce monde, le formant,le lisant et le déformant au gré des calculs distribués.

C’est à force de se mêler de ce qui ne le regardait pas qu’il compris que certains hommes avait enfin compris comment lire la Vie et ainsi décider du futur.

5

Restouk me décrit alors comment cette manière de voir la réalité comme une illusion préréglée et régulée lui apparût comme étant une monstruosité. Quelle conscience pouvait accepter que sa vie ne soit qu’un calcul, même aléatoire, que toute la réalité n’était en fait qu’une illusion et pré-calculée selon le principe de la loi normale de Gauss. A force de poser des questions, a force de s’introduire sur des serveurs sécurisés pour y lire des infos classées top secretes, il avait commencer à éveiller des soupçons.

Un matin qu’il se rendait à pied de son appart au loft il eut le sentiment de vivre une réalité augmentée, plus intense. Il ressentait comme amplifié l’odeur des gaz de pot d’échappement et le bruit des New Yorkais se rendant au travail lui apparaissait comme insupportable d’autant plus qu’il se sentait comme un nouveau né dans un monde qui jusqu’à là était vécu comme à travers un filtre, lointain. Il monta à l’étage du loft et là il tomba de haut quand la porte d’entrée des bureaux ne s’ouvrit pas. Rien n’avait changé dans son apparence. Il sonna. On lui ouvrit mais toute l’effervescence du loft avait disparue. Il se trouvait dans les bureaux d’un cabinet d’avocats qu’il n’avait jamais vu auparavant.