C’est l’histoire (suite 3) – Idfolles

C’est l’histoire (suite 3)

Malik se sent comme un bouc émissaire. Les dealers blancs qui chapotent les réseaux, ceux-là même qui apportent tant de milliard d’euros blanchis dans l’économie de la France, ceux-là on ne les inquiètent pas. Plus vous faîtes de grosses affaires, de grosses anarques et moins vous êtes inquiété.

Mais il vous suffit de brandir un marteau pour vous mettre en prison et à l’amende.

Il pense à ces faucheurs de maïs transgéniques. Ils montrent par leur solidarité qu’ils sont fort. A ses yeux ils montrent le chemin.

Ils sent aussi confusément que les dirigeants n’aiment pas les gens du peuple. Ils n’aiment pas ce peuple qui ne connait que de petits bonheurs, qui n’a jamais vu la chapelle sixtine, les rembrandt, les gauguin, les dali et autres chef d’oeuvres. Ce peuple qui regarde la télé, ce peuple que l’on ignore… Il ne demande pas la pitié, seulement selon la formule consacrée, qu’on prenne en compte leurs considérations…

Le peuple qui rit, à l’apéro, le peuple qui pleure au fond de lui parce qu’on le mène en bateau.

Il pense souvent à ce jeune professeur qu’il fréquente au pmu. Ils sont souvent d’accord. On a acheté le silence de la vox populi….

Malik connaît aussi un couple de jeunes très bizarres qui sont allés s’expatrier de Bourgogne en Bretagne sous des cieux plus cléments aux hivers moins rigoureux. Ils vivent dans une hutte en terre battue. Ils font du pain bio et toute une smalla gravitent autour d’eux. Il est allé leur rendre visite un fois, la seule fois où il a fait ses vacances ailleurs que chez lui. Tout autour de la hutte ce sont les herbes folles qui ont pris le dessus et en face de la route les membres de l’association “créaction” cultivent un champ qui fait bien rire les agriculteurs du coin. Ils vivent tous du RMI. Yvonne la femme donne des cours de piano et est un peu la gourou du groupe. L’été quand ils partagent le pain sous les rayons du couché du soleil, il y a comme une ambiance de fête, chaleureuse. On pourrait presque oublier que ce monde est factice et dépend entièrement de notre société. Mais eux, et Malik les regarde les yeux remplis de douceur, mais eux ils pensent être le noyau d’un nouveau monde.

Si l’on devait faire un sondage intitulé “que pensez vous de l’avenir”, on aurait sur 24 votants 9 qui penserait “il faut sérieusement se mettre à traiter nos déchets” 1 qui dirait par cynisme “après moi le déluge” 2 autres répondraient “le mal est fait il n’y a plus rien à faire” 3 autres “Tout a un début et une fin” 6 “Il faudra vivre plus simplement” 1 jusqu’au boutiste “ne renoncera à rien” et 2 rêverons “de fusion nucléaire” pour sauver la planète. Que veut dire ce sondage ? Une écrasante majorité pense que nous devons changer notre comportement, mais cette dernière n’a aucun pouvoir pour le faire.

Adieu veau vache cochon, le monde court à sa perte, on en parle partout mais personne n’y peut rien, tel est le sentiment de Malik.