Deux romans
Le professeur Pandrovsky éminent chercheur en intelligence artificielle se pose beaucoup de questions sur le besoin ou non d’agir…. Mais sa décision est prise. Sous le nom d’Yvan Stavon il se met au service de Doyce le magnat du software. Mais quelle va donc être l’aboutissement de toute une vie …?
Ronan Desprit journaliste se trouve impliqué malgré lui dans la saga de la société Heilig première créatrice des enfants ogm. Roger, “l’ogéomisé”, va s’enfuir avec Ronan du centre où il a vécu depuis sa naissance. Il semble refuser de se servir de cette intelligence qu’on lui a inoculé… Mais sa nature ne va-t-elle pas le rattrapper.. ? Ne va-t-il pas bouleverser notre univers bien rangé…?
Un extrait :
La fin du chemin n’existe
pas. Si l’espace subsiste, il y
a le temps, si le temps
s’écoule, il y a l’existence.
S’il n’y a pas de temps
arrêté, il y a toujours création
« Ses atomes avaient été dispersés depuis longtemps déjà. Quand ? la date précise n’avait pas été répertoriée dans les annales de la famille. Où ? On ne savait plus non plus. Mais ce n’était pas la moindre des choses à laquelle on n’avait pas prêté attention à l’époque… D’ailleurs l’espace où ses cendres avaient été lancées à la mer avait dû bien changer depuis … . .À l’époque on aurait dû plutôt se demander s’il subsistait quelque chose de construit, quelque chose qui ne pouvait disparaître, quelque chose qui n’avait pas été anéanti par sa disparition soudaine, un principe indestructible…. »
Pandrovsky avait commencé son discours comme à son habitude, sans introduction et de façon abrupte et disparate. Il n’aimait pas tout ce qui avait l’air d’être trop construit. Pour lui le hasard de la réflexion était une source infinie d’idées. Toute théorie était selon lui bancale si elle n’évoluait plus. Il avait toujours une ou plusieurs pensées sur le feu dont la source était son propre quotidien ou ses lectures. Tout devait être formulé mais jamais retouché. Le temps, selon lui, faisait son tri entre le faux et le vrai. Si une idée était bonne, elle durait… Mais attendez, je l’entends qui continue son discours.
« C’était donc ainsi depuis des millénaires : la mort succédait à la vie. Nous ne connaissions que la rive matérielle de l’univers… L’humanité n’avait fait qu’accumuler des données, des résultats d’expériences sur le réel, sur son entourage, et la mort demeurait cette terre vierge encore inconnue. Tous les contraires, noir et blanc, chaud et froid, lumineux et sombre pouvaient être expérimentés dans le champ du matériel, du vivant, seule la mort, le contraire de la vie, ne pouvait être connue. Cela n’avait pas empêché les hommes d’imaginer de nombreuses hypothèses, mais aucune ne pouvait être satisfaisante car n’étant pas de l’ordre du vécu. Certains allaient même jusqu’à nier la mort comme une suite à la vie. Pour ceux-là la conscience n’était que le résultat de la complexité toujours croissante de nos organismes. L’organe créait la fonction, notre complexité organique créait la conscience. L’organisme détruit il ne subsistait plus rien. Cette théorie n’était pas la plus encourageante… Pour vous rassurer, ce n’était qu’une théorie comme toute les autres.
Un certain K qui tout au long de sa vie n’avait cessé de faire des conférences, avait répété que toute recherche, toute pensée, nous éloignent du réel et de la vérité. Seul le constat des faits est authentique. Le reste n’est fait que de mots et les mots ne représentent pas le réel.
D’autres ont élaboré des théories… L’existence d’une âme est une des théories les plus persistantes, les plus florissantes et les plus alléchantes. Mes sens doivent être estropiés : je n’ai jamais vu d’âme… Ceci ne nous empêche pas d’y croire… Mais entre croire et savoir, la marge d’erreur peut être énorme. Il y aurait donc une autre existence, une conscience plus éternelle, celle de l’âme. Cette théorie n’est-elle là que pour nous satisfaire de notre peu d’éternité, de notre peu de puissance, ou a-t-elle une quelconque véracité ?
Tout comme un chercheur découvre la loi x, sans, semble-t-il, la connaître auparavant, il nous faudrait prouver l’existence de l’âme depuis le temps que l’on en parle. »
Notre ami marqua à ce moment une courte pause, le temps de boire une gorgée d’eau.
Un autre extrait du deuxième roman
Un homme seul se trouve dans une chambre lugubre aux murs blancs. Rien n’est accroché aux murs. Dans la pièce il y a juste un lit en ferraille. L’éclairage est fait de néons blancs. L’homme est assis à une table en formica, près de la porte. Il est en train d’écrire.
Je m’appelle Ronan Desprit. Si ce soir je commence cet écrit c’est que j’ai le sentiment qu’il faut laisser une trace, une trace de mon histoire, une trace de notre histoire. Cette trace je le sais maintenant est celle d’une civilisation qui va s’effacer pour laisser la place à une nouvelle ère. En cette fin d’année 2007 peu de gens l’ont encore compris. On trouve déjà sur internet des blogs nommés “au delà de l’humain” mais même leurs auteurs ne savent pas comment cet au delà est en train de se construire à leur insu. Je suis journaliste scientifique pour le magazine “la Robotique”. Je m’occupe de la chronique “Mathématiques”. Je m’intéresse aux 7 problèmes du millénaire dotés chacun d’une récompense d’un million de dollars par la fondation Clayes. Mais ce n’est pas du tout ce domaine qui changea ma vision du monde : ce fût la biologie. Mon collègue de la rubrique Biologie avait été renversé alors qu’il roulait en vélo sur une voie cycliste en plein Paris. Au pied levé j’ai du le remplacer pour une interview du Professeur Pandrovsky. Ce professeur français s’était fait connaître par ses prises de positions contre les OGM. Expert auprès de la commission d’homologation des semences il recevait de nombreux rapports secrets concernant ce nouveau type de semence.
Ronan Desprit continue d’écrire. Le soleil se lève au travers de la vitre.