Les mots qui vous imprègnent pendant l’enfance, les maux que vous transmettent les adultes, leur angoisse fait de mots qui dégouline en vous, je ne pose qu’une question : mais comment s’en défaire…
Quand il nous semble si conscient LE comportement acquis dans l’enfance qui en nous chaque jour se répète, quand il semble impossible de renoncer à le poursuivre quand les conditions ne sont plus les mêmes, quand les causes du passé ne sont plus réunies. Je pose cette question : pourquoi ne pas renoncer ?
Mais à quoi bon y réfléchir : je suis fatigué, cérébralement fatigué.
J’écoute de l’orgue. Mes paupières sont lourdes. Qu’est je encore besoin d’écrire la même chose. J’ai un tel sentiment de la répétition qui m’occupe tout entier.
Les cycles, quels cycles ne pas choisir car déjà parcouru, mais n’est-il pas vrai qu’on ne se baigne jamais deux fois dans la même fleuve. Je voudrais tant croire, ne plus douter toujours en constatant combien mon écriture est un abîme sans fin.
C’est la fin. La fin du morceau. On applaudit. C’est la délivrance. Encore un bis et l’orgue joue César Franck, un morceau joyeux, léger, juste un mélodie très courte.
Je regarde ce qui s’achève et dans ce crépuscule où tout s’embrase pour la dernière fois, je voudrais voir encore, contempler encore sans savoir de quoi demain sera fait, sans savoir quel geste sera nouveau, totalement nouveau.
Car c’est bien le pas inconnu qui ferait chavirer mon cœur.
Mais le pas inconnu n’est pas du fait d’un effort quelconque de la pensée ou de l’action, il naît à mon avis de la vie même et non de l’homme. L’homme est le miroir, il est là pour reconnaître ce qui est neuf, pour s’en émerveiller et s’il le répertorie, cet inconnu est déjà mort.
Mais qui peut bien comprendre cette philosophie d’un homme fatigué d’un monde répétitif et mort, car catalogué, répertorié, défini donc fini…
Laisser moi ne plus penser aux choses que l’on fige, laisser moi vivre mon sommeil et son rêve chaque fois effacé pour un monde figé.
Mais ceci fait trop peur.