La plupart des hommes sont sous influences. Ils ont appris à maîtriser des connaissances, des concepts aussi simples soit-ils, et ils ne voient le monde qu’au travers de ces connaissances. Mais il existe parfois des hommes qui laissent les a priori de côté. Ce n’est pas toujours de leur fait, la vie les a mené à cet endroit où ils ne subissent aucune influence. Alors surgit la nouveauté. Obligé de ne subir aucune influence, ces êtres là sont à l’écart de tout, seuls, ô combien seuls. Ils ne sont pas très intéressés par les connaissances du monde même les plus jubilatoires Ils ont des idées qui semblent les mener et il me semble que l’on fait tout pour qu’ils ne subissent aucune influence.
Mon père m’avait prévenu : “Tu auras des valises pleines de livres et tu ne sauras qu’en faire. Elles te cloueront sur place, t’immobiliseront.”
La nouveauté a-t-elle besoins du passé, de ce qui a été, de ce qui n’est plus. Le passé peut-il éclairer le présent en science ? et le futur ?
Je me rappellerai toujours cet agronome à l’inra de Bordeaux qui n’ouvrait plus ses courriers, les communications sur ses recherches de peur d’être influencer dans ses points de vue.
Je n’arrive pas à me concentrer, je n’arrive plus à apprendre des choses nouvelles !!!
Je n’ai pas l’esprit tranquille et ouvert depuis trop longtemps. Je devrais dire depuis le 29 Novembre 1989. J’ai réussi en 1998 après 3 ans à obtenir une licence mais je crois que c’était la dernière fois que je me sois concentré sur un apprentissage. Suis-je perdu pour les études. Je n’ai plus le ressort. Le ressort est cassé. On peut me dire fainéant. Le désir est toujours là, récurrent, mais je n’arrive pas à tenir l’effort.
J’ai fait tout à l’envers. J’ai commencé par avoir une vie dans ce monde, rechercher une compagne, avoir des enfants, un métier quand j’aurai du commencé par une vie monastique de travail et de sérénité et finir cette vie là dans le monde. J’ai tout fait à l’envers. Et maintenant j’aspire à une vie monastique loin des turpitudes de la vie.
Je ne sais si j’arriverai à la construire, si elle se fera, si ce n’est qu’un désir de plus irréalisable. Je ne sais si je suis encore dans une illusion mégalomaniaque recherchant à maîtriser ce que je ne maîtrise pas.
Mon père m’a écrit un jour pour me parler du fait que l’on peut en se forçant un peu plus chaque jour avoir un travail intellectuel suivant l’adage que c’est en forgeant que l’on devient forgeron.
Je me force mais je me laisse aller à fuir.
Est ce que ce n’est tout simplement pas le moment et comme un boulon qui n’a pas le bon filetage il ne sert à rien de le forcer.
Je te disais que je faisais pas de rêve. Eh bien à contrario j’ai fait un rêve cette nuit. J’étais à nouveau à Courcelles avec mon père. Mon père avait un différent de menuiserie avec un voisin. Ce voisin possédait une grosse machine sur un camion qui débitait des planches.
Dans la deuxième partie de mon rève je me retrouvais en Afrique avec ce camion transformé en sorte de vaisseau avec des écrans d’ordinateurs partout. Soudain il y a une panne de courant. On démonte et on trouve un fil débranché. Je me réveille.
Ce rêve symbolise à mes yeux la mauvaise utilisation de la machine dans notre monde. comme le disait Yvan Illitch au delà d’un certain seuil la machine nous rend esclaves.
Mais ceci est ma première interprétation. Ceci est un rêve d’adolescent. L’adolescent remet en cause le monde dans lequel il vit, il veut le changer, il a une révolte insatiable.
Aujourd’hui je voudrais rentrer dans l’âge adulte, loin des émotions premières auxquelles on s’attache tant car si faciles. Bien sûr il y a cette émotion première que l’homme devient parfois l’esclave de ce qu’il crée, des déséquilibres qu’il engendre, mais au delà de cette émotion il y a l’analyse : pouvait il faire autrement ? C’est le manque en lui qui le pousse à agir. Car l’homme est vide et il cherche à se remplir de toutes les manières possibles !!!
Je veux devenir cet adulte qui intervient dans le monde sans quitter l’idée de “Liberté”, agir dans une direction choisi avec raison. La raison même limitée est plus forte et plus dans le sens de la liberté que la révolte dictatoriale contre le monde. La sagesse si elle est celle de l’homme qui n’agit plus n’est pas celle du révolté qui ne fait que décrier le monde. Je veux quitter cette attitude vaine qui consiste à dire en une phrase : “Le monde est mauvais mais je ne sais pas comment il devrait être” pour saisir une attitude adulte qui consiste à dire : “Le monde est tel qu’il est, transformons le !!”