Au contraire des dépressifs, les hommes d’actions n’ont jamais le sentiment de subir un mécanisme, un rouage qui les broie. Le dépressif quant à lui, est souvent immobile, comme un circuit fermé qui bascule entre allumé et éteint. Il s’allume de temps en temps, il croit qu’il va agir puis bascule, coupe le circuit et se demande immobile s’il doit ou peut faire quelquechose.
Il n’y a que les dépressifs qui connaissent cette succession de sentiments.
Vous vous demandez peut-être pourquoi j’écris cela. Mais si vous me lisez un peu vous savez déjà depuis longtemps que mon écriture ressasse et regorge de ces cycles ON-OFF. Dans un même poème j’écris le pour et le contre sans me départager, ou entre deux moments d’inspirations distinctes, j’écris le pour et son contraire.
Les hommes normaux ne se demandent jamais s’il doivent ou non agir. Ils ont des choses à faire par obligation ou par plaisir, et ils les font sans se poser de question, sans atermoiement.
L’homme dépressif lui, renonce à agir, c’est selon la formule de Gainsbourg “un aquoiboniste”.
Mais qu’est ce qui différencie un homme normal, d’un dépressif : Je pense tout simplement que c’est neuronal. le cerveau du dépressif n’a plus la capacité de rester dans un état des connexions synaptiques figé le temps d’une action. Sa volonté pourrait-on dire autrement est chancelante.
Pourquoi me direz vous ?
J’émets une hypothèse : tout simplement parce que sa volonté pendant son enfance a été mise à rude épreuve. Parce qu’il a du maintenir sa volonté trop longtemps pour supporter un traumatisme, son cerveau a atteint un seuil que j’appellerai de saturation. Ses synapses ne réagissent donc plus aux transmetteurs qui maintiennent des connexions dans un état donné.
J’espère de tout mes voeux que cet état de saturation sera un jour réversible quand la médecine en saura plus sur le cerveau.