Je pose sur la vie un oeil qui prend peur et je dépose les armes, je laisse courrir le feu sur la foret, un feu que d’autres ont fait sans savoir…
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Les hommes vont et viennent et forment ce réseau que certains trouvent extraordinaire. Je me sens trop loin par un comportement acquis, par un conditionnement de l’enfance, je me sens trop loin des gestes séculaires, des gestes libres, des actions primaires, je m’enlise dans la paresse d’un monde où tout nous est donné par le saint esprit de la machine.
Car voila mon regret, la vie ne se cueille plus, elle s’achète, elle s’invente, elle se veut possession et destruction. La vie ne se cueille plus, les savants redécouvrent son essence, ce qu’elle a mis en oeuvre en 5 milliard d’année, et les voila qui joue un drole de jeu, ils veulent la numériser et la reproduire. C’est drôle et désespérant. Un cycle sans fin.
En un siècle nous voila passé de un milliard à cinq milliard d’humains mais pour combien de vies qui survivent plutôt que vivre, mais pour combien de vies tuées.
Je pose trois petits points de suspension… J’entends mes enfants qui jouent avec les cartons du nouveau lit. Mais les voila déjà à nouveau devant la télé…
Je pose et je dépose mes mots, je suis de ceux là qui tuent la vie et je suis encore de ceux là qui voudraient qu’elle se poursuive.
Nous sommes à une charnière du temps. Une porte se ferme et une autre s’ouvre. Nous sommes ces êtres conscient qu’ils vont mourir un jour. Il n’y a rien de plus grand comme châtiment.