Les mots ne viennent plus, je me défie de tout, noyé du quotidien, je vis sur des acquis dont je suis si lassé. Je vieillis et je vois que le temps est un sérieux joueur qui fait croire à certain que notre âme évolue quand elle est immobile, une main de poker que l’on a et dont on bluffe à tout va, avec soi, avec d’autres…
On se maintient le nez au dessus des eaux, mais notre coeur ne suit plus. Le travail est une aliénation, une drogue injectée depuis l’enfance, et l’on ne sait pas que les animaux et les plantes sauvages, ne travaillent pas…
Tout est bien ficelé, comme une corde au cou, et l’on ne sait manier le couteau pour délivrer son corps du lasso qui l’enserre…
Car j’ai connu un jour cet instant immobile où j’ai quitté mon corps et j’étais là au milieu de nulle part, calme et serein, libre…
Et je suis revenu, pensant au changement, pourtant l’on m’avait dit : ceci est peine perdue…
Une goutte de café qui glisse de ma tasse et que mon doigt ramasse et que ma bouche lèche, et cet air de musique un peu funk, un peu reggae, je tape des deux doigt le même texte depuis vingt ans déjà, toujours le même…