La fille de Malik, Shengull, a décidé de se battre pour son père. Elle a contacté la fondation des droits de l’homme. Ils ont changé d’avocat. Ils reprennent espoir. Ils ont fait appel du jugement.
Mais la lutte n’est pas achevée.
Dans ce pays des idées toutes faîtes et préconçues on a souvent des pensées de comptoir, des pensées d’un quart d’heure.
Connaissez vous la chanson de Brel intitulée “La parlote”. La parlote est de tous les milieux, de toute les couches sociales. Elle est entretenue par les médias.
Quand Malik allait au PMU jouer son tiercé et boire un café il côtoyait aussi bien le boucher raciste que son ami professeur qui laissait dire ou poussait de temps à autre une gueulante sans y croire. Les pensées faciles ont la vie dure du genre : “Donner leur un boulot, dès que c’est un peu difficile, il se mettent en arrêt maladie, ils veulent être licenciés… Ils veulent du travail facile” Mais qui sont ces “ils” ? Ce sont toujours les autres, ceux qui ne sont pas français bien sûr, ceux qui vivent du RMI et “qui ne veulent rien faire pour s’en sortir”
Malik boit son café en silence. Après avoir lu le journal, il coche sa grille de tiercé, toujours en silence. Lui il sait que ceux qui sont au RMI ne le font pas exprès, que ceux qui renoncent à un travail dégradant ou trop dur ont raison de le faire. Pourquoi continuer l’exploitation…
Le professeur du café lui a passé il y a de ça trois mois, une cassette d’une interview de Brel. Dans cette cassette il dit que ce qui le révolte le plus dans ce vingtième siècle c’est que “l’exploitation de l’homme par l’homme n’a toujours pas pris fin”
Ce professeur il joue, chaque samedi, 4 euros au Rapido. Il suit son ami le boucher. Au début il s’est intéresser à chercher un programme aléatoire qui colle aux sorties du Rapido puis il a abandonné. Il sait qu’il vient perdre 4 euros chaque samedi, par amitié. Au début il prenait une bière maintenant il boit juste une limonade. Il offre la tournée à son ami. L’autre se laisse offrir. C’est devenu une habitude.
Malik il le regarde de loin chaque samedi. Il ne pense rien.
Tout ce monde qui se retrouve chaque samedi pour faire le bonheur de l’état, de la française des jeux et des sociétés de courses, c’est un microcosme, à la mesure de l’absurdité de la société toute entière.
Vous avez déjà observé les gens dans les supermarché, dans les parcs des mairies ou les même les parcs de jeux, ils ne sourient pas. Ils sont gris, ils sont tristes. Ils s’arrêtent dans le supermarché pour parler d’un tel qui a le cancer, de l’autre qui vient de divorcer. Ils sont tristes.
Malik aussi est triste. Il ne parle plus. Il ne fait même plus son jardin. Un jour son ami le professeur qui lui a dit Bonjour dans la rue, après un échange bon enfant lui a dit abruptement : vous savez je ne croie pas que nous sommes en train de vivre. Nous ne faisons que survivre et végéter.