Ne trouvant pas le sommeil, je me laisse aller à une prose facile… J’entends minuit passé, un motard dans la rue fait vrombir son bolide, et j’ai tant de questions pour cacher un passé qui s’efface du regard. Mon père qui n’est plus, qui a un jour été et dont tous les mystères s’épaississent chaque fois un peu plus dans la brume du soir de mon cerveau. Mon père qui n’est plus et cet instant fugace et si tenace d’un jour de novembre il y a de ça longtemps qui rythme mes pensées, comment j’ai pu quitter un instant cette réalité. Mais que s’est-il donc passé et les années qui ont filées comme on effeuille la marguerite dans l’espoir de tomber sur une vérité qui se cache à jamais.
Et la moto repart et je reste à jamais seul face à mon désespoir, cette vie dont le sens m’échappe, un grain de sable et la plage ne serait pas cette plage sans ce grain de sable… Cette vie qui m’échappe, il pleut sur le vélux, on attend la tempête, vents violents sur la France.
Avant de m’endormir, je laisse ces mots tombés dans cet oubli du temps, l’oubliette du temps que rien ne semble jamais toucher. Les hommes vont et viennent et je ne sais pas plus qu’à chaque nouvelle lune, un morceau du tableau est venu se nicher au fond de mon cerveau, mais mon miroir ne peut en distinguer la forme, les contours.
Avant de m’endormir je laisse pianoter mes mains sur ce clavier et j’entends encore les chansons surannées, les paroles sucrées des chansons de Bruel, mais les mots sont un outil cassé qui ne pourra jamais réparer nos angoisses.
Et je vais m’endormir, seul encore, et ce depuis des années. Sans chaleur humaine, sans tendresse, seul avec mes pensées que rien ne peut calmer.
Et je vais m’endormir et demain sera comme il a toujours été, le silence et le bruit qui cache la vérité, la seule vérité : il n’y a pas, il n’y aura jamais de vérité que les mots qui tombent et qu’on oublie, que les mots qui tombent et qu’on relit sans jamais trouver la vérité cachée.