De plus en plus conscient et sans la moindre fuite, je regardais le flot de pensées qui coulaient dans ma tête. J’essayais de ne pas l’entretenir. Je savais que je ne pouvais pas l’empêcher, mais je savais aussi que je pouvais rester comme un spectateur.
Il est 14h, malgré la nuit agitée, je ne trouve pas le sommeil et je finis par me lever, quittant une sieste qui ne pouvait survenir…
Que dire, que résumer. Pour ceux qui connaissent ces moments là ils se résument à deux mots : mégalomanie et paranoïa.
Le contenu de mes pensées importe peu. La réalité que j’ai rêvé importe peu. Seul est important ce moment où j’écris : “de plus en plus conscient et sans la moindre fuite”.
J’ai pris une décision hier : lire “the art of computer” de Knuth. Voilà ce qui est important. Que j’en lise 10 lignes par jour, seulement dix lignes, mais que je ne faiblisse pas, que je n’abandonne pas cet ouvrage, voilà cette réalité qui m’empêchera de fuir.
Le reste importe peu. D’ailleurs j’ai déjà tout oublié de ces pauvres pensées qui ne sont qu’autant de propositions invérifiables conséquences d’un monde qui influe depuis que j’ai cinq ans dans mon cerveau. Comme une baignoire qui se remplit et maintenant déborde…
Oui la baignoire déborde de mille conneries que le temps y a accumulé en l’espace de ces quarante années… je lache du leste, j’oublie, je laisse couler…
Et je m’attable pour lire “the art of computer”
Fatigué d’une nuit je vais oublier cet esprit qui tourne à vide, l’ouvrir à des pensées qui ne sont pas les siennes…