Comme à jamais entre deux pôles : la répétition sécuritaire ou la nouveauté angoissante. Avoir une vie répétitive, sans nouveauté c’est la choix de la facilité tandis que modifier son regard sur la vie, affronter ce que l’on ne connait pas c’est le sentier de montagne, c’est la porte étroite…
Je suis donc devant ce choix. Je connais le tour de ma propre répétition. Je connais l’ennui qui l’accompagne. Je connais aussi les excuses qui l’accompagnent : les enfants que finalement je laisse devant la télé, mes poèmes et mes chansons, ma dispersion dans les mêmes recoins de ma pensée.
J’ai trop lu une traduction du Tao Te King de Lao Tseu dont un des poèmes commence par : “Renoncer à l’étude et vous connaîtrez la paix”. Je l’invoque trop souvent comme excuse à ma paresse profonde. Quand je ne fais rien, que je n’arrive à me concentrer sur rien, j’imagine que je ferais plus tard ou qu’il se passe malgré tout quelque chose de fondamental, comme un flux, comme un mûrissement.
Mais je sais que ma raison s’égare et que je gâche les heures qui pourtant me sont comptée. Demain il sera trop tard, je serai trop vieux pour bouger ne serait ce que le petit doigt. Demain il sera trop tard, je n’aurai plus la force, l’énergie nécessaire pour affronter la nouveauté.
Je sens comme un point chaud sur mon avant bras. Et cette idée me vient que je suis dans le vrai, qu’il faut absolument trouver le courage, l’emploi du temps, le pas de programmation pour aller de l’avant, vers l’inconnu.
Et pour cela, il y a quinze jours je m’étais dit, il faut que je tienne un agenda électronique, que je programme les jours, les heures où je ferai ceci ou cela, comme un véritable manager. Je ne vois pas d’autres solution que celle là.
Et surtout ne plus passer mes soirées devant la télévision, ce mal qui ronge mon esprit comme une drogue qui peu à peu me vide de toute volonté, de toute pensée.
Ainsi ce n’est pas un renoncement à l’étude qui m’étreint, ce n’est pas un choix que je fais de moi-même, mais plutôt un asservissement à la répétition, comme un ordre auquel je me suis soumis depuis trop longtemps.