Je suis une minorité, la minorité des dépressifs qui n’ont envie de rien. Face à l’agitation, face aux créations d’autrui, je fais quelques gestes mais la plupart du temps je préfère ne rien faire. Nous ne sommes pas dans une société contemplative. Je suis donc de la minorité de ceux qui regardent cette société active… J’en perds même les gestes bénéfiques. En écrivant ces mots, en les entendant résonner dans ma tête, je me lève soudain de ma chaise et je regarde l’heure : 16h15. Je me dis : il est encore temps de faire une soupe de potiron pour mes enfants. Avec du Jambon, ils seront content ce soir. Je le fais.
Mais qu’aurais je pu faire d’autre. Mon frère me dit une chose très juste : on ne fait rien tout seul. Ce sont les autres qui te font bouger. Je sais c’est la relation à l’autre qui est la plus importante. C’est elle qui fait le monde. Quand le monde s’ouvre à toi, tu es celui qui peut tout.
J’écoute un rock endiablé de ANPM un groupe de musique libre, free, gratis… Et je me dis tout n’est pas foutu comme je voudrais le croire dans mes heures les plus noires.
L’espoir se nourrit de l’action et l’inaction nourrit le désespoir.
Oui il faut croire, croire au génie de l’homme, à ce qui le dépasse. Oui son génie le dépasse. Le destin de l’humanité entraine chacun de nous et les anathèmes, les “il ne faut pas agir” que j’écris sous le coup du désespoir s’ils reviennent sans cesse sont seulement le symptome d’une inaction fatale.
Il faut aider l’homme qui désespère de tout, lui donner la main qui lui a manqué, pour qu’il fasse un bout de chemin… Ma femme est là chaque jour pour me motiver. Mais ce n’est pas encore assez. Il y a le boulot. Heureusement je m’y sent de mieux en mieux même si je suis encore trop replié sur moi-même.
Voilà les tribulations de cet après-midi, puissent-elles un jour aider quelqu’un à ne pas désespérer.