Vous qui passez – Idfolles

Vous qui passez

Vous qui passez sans me voir, vous que je dérange, votre seule attaque est de m’ignorer. Non je ne suis pas paranoïaque, vous ignorez toujours la vérité qui dérange. Vous aimez votre monde. Vous ne comprenez donc pas qu’il ne me convienne pas. Vous aimez les conventions, les règles et comme chante Brassens dans les croquants, “ça vous étonne qu’une jeune fille comme ça s’abandonne au premier ostrogot venu”… Ou comme chante Steve Waring “Mais le jour suivant matou revient il est toujours vivant”. Car des gens comme moi qui viennent vous déranger dans votre quiétude, y en a, y en aura toujours. Mais vous préférez les ignorer. Vous aimez trop votre monde réglé, mort, vous avez trop peur de le voir s’effondrer sous le poids de vos certitudes.

Votre monde est une dictature, la dictature de la mort, de l’immobilisme. Vos actions ne sont pas créatrices, elles tuent à chaque instant le vivant. Nous sommes, les gens que l’on ignore, les gens qui dérangent, l’expression vivante de ce monde qui souffre de ne pas vivre, qui souffre de mourir.

Vous qui passez sans me voir, vous qui lisez deux ou trois lignes de ce site, je n’en renie aucun mot. Je suis mort à chaque instant, à chaque instant je meurs d’une vie de misère et de dictature

J’ai écrit ce texte sous le coup de la colère et du désespoir qu’il reflète bien. A cet instant précis où je le reprends après l’avoir mis à la poubelle, je le reprends in extrémis. Bien sûr il oppose des gens comme moi à des gens comme vous. Et dans cette opposition il apparait péremptoire et trop dure. Mais il exprime bien à mon avis un état de fait : dans ma différence, dans votre différence, j’existe comme un être qui rêve de justice et qui dans son erreur, ferait l’erreur de croire qu’il incarne la vérité et la justice.

Je reconnais votre différence et je me dois de ne pas la nier, de ne pas l’effacer de mon regard. Ma liberté peut rester intacte en ce monde, si je la vie pleinement.
Quand j’écrivais “je meurs d’une vie de misère” je mettais en cause “votre Vie s’imposant à la mienne”. Je peux dépasser ce moment et vivre ma vie avec la votre.