Prends bien soin de toi (le dénouement est vers la fin du texte) – Idfolles

Prends bien soin de toi (le dénouement est vers la fin du texte)

Prends bien soin de toi

C’est un homme de quarante ans qui raconte à ses enfants comment était sa famille

– Papa raconte nous encore une fois, quand ton père… C’était rigolo
Nous sommes à table, après le déjeuner. Nos ventres sont repus. Ma femme a bien cuisiné. Mes enfants, ma fille de huit ans et mon fils de six ans sont heureux. Ils veulent savoir comment était ce grand père qu’ils n’ont pas connu.
– Quand j’étais petit comme vous. Mon père passait des heures à enregistrer des concert de France Musique. Sur un petit radio-cassette qu’il ne cessait pas de bricoler. D’ailleurs il le bricolait tellement qu’il refermait jamais le boîtier. C’était un petit bijou de l’électronique et de la micro-mécanique.
Mes enfants écoutent, mais ils attendent avec impatience la fin de l’histoire, le passage qu’il trouve drôle.
– Un soir que mon père enregistrait avec le casque vissé sur sa large tête, je me lève dans la nuit. Il ne fallait surtout pas appuyer sur un interrupteur car cela parasitait la réception hertzienne. Oui nous sommes dans les années 80. Le numérique n’existait pas encore. Le moindre parasite et le radio cassette enregistrait un chtok. Mais ce soir là j’avais fait attention, j’étais content. Mais manque de pot j’avais laissé une porte ouverte.
Les enfants rient déjà, ils connaissent la suite.
– Mon père furax, se lève de son tabouret, la casque toujours relié à son radio-cassette et se dirige vers la porte. Le radio-cassette vole (je joint le geste à la parole) et se retrouve violemment projeté au sol.
– Ah ah. Ah ah. C’est mon fils qui rie, il est plié en quatre.
– Voilà les enfants, l’histoire et la fin du petit radio-cassette.
– C’est trop drôle Papa, raconte nous en une autre, me dit ma fille.
– Une autre fois, les enfants, je vais y réfléchir

Mes enfants sont sortis de tables et je me suis dit. Je vais écrire une biographie de ma famille, sans fioritures et sans délire. Surtout sans délire. En effet je savais trop bien combien de fois j’avais laissé mon esprit s’emporter sur un détail dans des histoires imaginaires, plus qu’imaginaires, délirantes.

Cet après-midi, ma femme se reposant de sa dure journée, j’en ai profité pour réparer mon réveil dont le résonateur se dessoudait chaque fois qu’il tombait. Je me souviens quand mon père se servait du fer à souder, quand la résine mêlée à l’étain grésillait et cramait, quand cette fumée âcre l’entourait puis s’élevait, j’avais un mouvement de recul. L’odeur m’indisposait. Mon père devait lui l’adorer. Et pourtant j’étais attiré par ce qu’il faisait, par ces circuits électroniques dont je ne savais rien ; circuits de chaines HIFI, car c’était bien là son domaine : l’électronique du son et de la télévision. Lui qui avait refusé en bloc l’image télévisuelle était un ingénieur électronique passionné du son. Je me souviens encore quand il me parlait de son ami R. S. et des âpres discussions qu’il avait eu avec lui sur la télévision couleur. Il racontait toujours qu’une fois, cherchant tous les deux une solution à un problème électronique, ils avaient failli en venir aux mains. Je ne sais pas lequel des deux avait raison, sans doute ne le saurais je jamais. Pourtant j’aimerai bien le savoir !!

En 2005, j’ai réussi à reprendre contact avec un autre de ses amis : appelons le R. Pourquoi ? Je voulais démythifier mon père. Mais les seuls dialogues téléphoniques (deux je crois) n’ont fait qu’amplifiez le mythe que je m’étais créé. Lors du dernier coup de fil, R est mort d’une crise cardiaque foudroyante deux semaines après, il m’a dit une chose qui m’a frappée : « ton père était connu comme le loup blanc. On l’appelait de partout pour des problèmes de radio transmissions. ».
R qui n’avait pas eu de nouvelles de mon père depuis 1977 et apprenait sa mort survenue en 1997 seulement en 2005, était il encore sous l’emprise de mon père comme j’avais pu l’être ? Sans doute ? Moi je n’étais qu’un enfant en 1977, mon père m’apparaissait comme une force de la nature. Il faut dire qu’il avait les épaules très larges. Mais aussi comme une intelligence hors du commun.

Normal pour un fils d’aduler son père.

Dans l’été qui a suivi la mort de R ma mère ma donné les derniers papiers que m’ont père avait gardé. Ces papiers n’ont fait encore une fois qu’amplifier la légende de mon père. J’en détaillerai le contenu au fur et à mesure que j’en aurai le courage.

Il me revient surtout une lettre de R datée du 23 Avril 1979 deux ans après que mon père ait quitté la société AEG TELEFUNKEN, deux ans après sa démission, deux ans après le dernier poste qu’il occupât à jamais dans la société en général comme salarié… Dans cette lettre R. Termine avec cette énigmatique phrase : « Ci joint l’avenir de HIFI FRANCE. Ce n’est pas la peine de leur en faire cadeau ». Cette phrase me laisse sans voix. Quelle cadeau mon père pouvait-il faire et à qui ?

Vous qui lisez ce texte : vous ne savez pas où je veux en venir. Je veux par mes seuls souvenir sans que ma pensée tourne au délire, sans franchir la limite entre le réel et l’imaginaire, retrouver qui était mon père et peut-être sur ce chemin retrouver une pensée sereine, qui ne tourne pas en rond autour d’idées de science-fiction.

Nous sommes en 2009, mon père aurait eu 79 ans le 16 septembre prochain. Je vais en avoir quarante dans une semaine. Et le cordon ombilical spirituel qui me lie à mon père n’est pas encore coupé. Il est trop tard pour savoir qui était mon père avant qu’il n’arrête de travailler. Sans doute un homme surchargé de travail… Qui a craqué en 1977.

Je me souviens quand j’étais petit avant que mon père n’arrête de travailler, il se levait tôt, et partait vers 6h du matin. Je l’entendais se laver dans la salle de bain toute à côté de ma chambre. Parfois je me levais pour lui dire bonjour. J’aimais beaucoup me blottir entre ses bras. Je relis cette phrase. Je l’analyse : mon père était le seul qui me donnât de l’affection. Ma mère dans sa complexité en était incapable. Jusqu’à sept huit ans mon père a accepté de me serrer dans ses bras puis il me l’a refusé. J’étais jaloux de ma sœur qui elle y a toujours eu droit. Ma mère encore aujourd’hui est incapable de me serrer dans ses bras. Je ne lui en veux pas. Mais j’ai ainsi en moi un manque que je ne sais résilier. Ma femme qui elle aussi a eu une enfance difficile, grâce à ses enfants et à l’amour qu’elle leurs prodigue, résilie le passé à chaque instant de sa vie.

Il sentait le propre. Je ne l’ai jamais senti avec l’odeur du tabac froid ; pourtant à cette époque il fumait 3 à 4 paquets de gauloise brune filtre par jour. Il revenait tard de son travail, partait souvent en Allemagne, c’était ma mère qui s’occupait de nous. Moi j’allais à l’école.

Les dimanches mon père aimait faire des barbecues sur le balcon de notre appartement F5. Nous mangions des poulets grillés, des épaules d’agneaux grillés… Je me souviens de nos vacances 1976. Je m’étais cassé le fémur en janvier ou février je ne sais plus. Une grosse bêtise : j’avais suivi des grands de seize ans et plus qui partait voir un match de foot important… Avec Batiston je crois. Mon grand frère est passé sous la national par le souterrain, moi j’ai suivi un grand et fut renversé par un vieux et sa deux-chevaux. De nos jours, on ne laisserait pas seul, livré à lui même, un enfant de six ans. J’ai donc eu trois mois d’hôpital, trois mois de plâtre et juste à la fin des deux mois de vacances de 1976 j’ai réappris à marcher et lors d’un barbecue que mon père avait organisé, j’ai bu par inadvertance le verre de vin blanc de mon père. C’est ainsi qu’à six ans à peine j’ai connu ma première ivresse, ce qui ne se reproduit pas avant ma vingtième année.

Mais je m’éloigne de mon sujet : mon père. Entre deux et six ans je me souviens qu’il se disputait beaucoup avec ma mère. Je me souviens d’une nième fois où ne pouvant pas dormir, je me suis levé pour leur demander de faire moins de bruit. Je m’étais recouché et la dispute avait recommencer de plus belle. Ma mère aujourd’hui me dit qu’elle l’écoutait pendant des heures et une fois fatiguée elle n’avait qu’une envie : se coucher. Ce qu’elle faisait. Et mon père de plus en plus en colère a même une fois démonter la porte de la chambre. Je n’ai jamais su quel était vraiment la teneur de leur dispute. Tout ce que je sais c’est que peu de temps après au bout de 5 ans mon père s’est arrêté de travailler et qu’il a commencé à nous parlé comme à des adultes de problèmes existentielles à la Krishnamurti et surtout d’anarchisme sans en prononcer jamais le mot.

De ces discussions je ne me souviens plus la teneur exacte : tout ce que je sais c’est qu’elles ont marqué mes grands frères les poussants à la révolte contre le système jusqu’à des extrêmes dangereux pour eux-mêmes. Moi plus jeune de trois ans que mon grand frère, j’ai bien écouté cette parole du père mais ce dernier voyant son ravage sur ses deux premiers enfants qui le rejetèrent d’ailleurs en bloc, changea de comportement : il essaya de me pousser à être sage et de bien écouter mes professeurs. Mais ce qu’il ne savait pas à l’époque, j’avais alors douze ans, c’est qu’un ravage encore plus grand m’attendait pendant mon adolescence tardive.

Pourquoi : car l’anarchisme est antisocial, il rêve d’autarcie, il abolie les hiérarchies et le système le rejette comme un corps étranger, un cancer. A suivre

Une autre idée me vient en pensant à la procrastination dont je souffre. Mon père m’a dès l’age de six ans créé un tel stress face à la vie, une telle angoisse que la peur d’affronter la réalité et des problèmes qui me dépassaient totalement, l’a emportée sur une attitude confiante et sûr de soi. J’ai perdu confiance en moi, j’ai vu des problèmes qui m’ont dépassé et je suis resté bloqué devant eux. C’est à ce moment là que j’ai commencé à me réfugier dans le rêve.

Je me souviens, je ne sais plus vraiment l’âge que j’avais, entre huit et onze ans, sans doute plus proche de onze. Je désirais recoudre un ballon de football en cuir. Mon père m’a alors dit qu’il fallait le recoudre avec un seul fil sans passer deux fois par une même couture. J’ai cherché sans trouver de solution pendant des heures. Je ne savais même pas à l’époque ce qu’était un icosaèdre tronqué, je ne savais rien non plus du problèmes des sept ponts de Königsberg de Euler. Je pouvais donc chercher encore longtemps avec mes petits moyens d’enfant de onze ans une solution qui n’existait pas. Je ne sais plus si mon père m’a dit un jour, il suffit de couper le fil en petit bout et coudre un par un les pentagones… Ce n’était plus le problème de départ.

J’aime encore aujourd’hui me frotter à des problèmes insolubles plutôt que faire des choses que j’arrive à faire ou d’autres que j’arriverai à faire… C’est ainsi que je disperse mon énergie comme elle fut dispersée pendant mon enfance. Encore aujourd’hui une fois le problème insoluble hors de portée après des heures de réflexions bêtes et insensées, je suis désappointé et c’est alors que je fuis dans le délire. C’est alors que je fuyais dans le délire ai-je envie d’écrire. Car il me semble que ma conscience, ce savoir sur moi-même, s’est accrue cet été.

J’accepte maintenant de dire que je fuis dans le délire.

Ce texte s’appelle « prends bien soin de toi » car j’ai été livré à moi-même dans mon enfance. Livré à la folie de parents tous les deux délirants, je me suis construit tout seul selon le schéma le plus simple, que suit tout esprit face au stress : la fuite. Il n’y a que moi qui puisse aujourd’hui prendre soin de moi. Je ne dis pas que ma femme et mes enfants, ma psy ne m’aident pas, loin de là. Mais seul moi comme hier l’enfant que j’étais peut prendre une autre direction que celle de la fuite.

Cette question prend un tour très aigu, très accru ce jour de mes quarante ans.

Il y a quatre heure, en début d’après midi, j’ai eu ma mère au téléphone. Elle a bien conscience qu’elle n’a pas su face à notre père nous protéger. Je pense que sa névrose la protège mais que ma mère est toujours encline à jouer l’autruche. Elle n’a pas eu le courage de lutter contre mon père et comme elle me l’a si bien dit : « personne ne m’a aidé ». Elle n’est donc dans la classification de l’analyse transactionnelle ni parent, ni adulte. Ce n’est qu’un enfant qui a besoin qu’on la protège.

Je parlais ci-dessus de mon besoin passé de me blottir dans les bras de mon père (ma mère ne me l’ayant jamais offert) et celui actuel de serrer fort dans mes bras ma femme, je le sens bien, à la recherche d’un amour maternelle qu’elle ne peut me donner, étant ma femme et non ma mère. C’est d’ailleurs étonnant me disait il y a quelques années ma psy que je ‘aie pas trouvé comme femme une mère pour moi, mais quelqu’un qui me pousse à grandir, à prendre un comportement de parent sinon d’adulte. Car ma femme veut un homme doux et fort, à l’humeur égale, ne s’énervant pas… Ce que je suis parfois mais pas tout le temps. J’ai été il y a quatre ans très révolté et j’ai encore du mal à réalisé combien je prenais exemple sur mon père : un être gueulant.

Ma mère m’a rappelé sa dernière journée avant sa démission de AEG-TELEFUNKEN. Il est rentré chez nous soul, s’est énervé, a cassé le tableau de son meilleur amis et ma mère ramassant les débris de verre, mon frère lui a dit « Maman y en a encore sous mon lit » et mon père a compris « il est encore soul, lui » et ma mère dut partir avec nous quatre ses enfants de l’appartement car elle avait peur qu’il s’en prenne aussi à nous. Mais les flic ne sont venus que le lendemain. Mon père dégrisé leur présenta un billet d’avion pour l’Allemagne, grand prince qui fit passé sa femme pour une folle, encore une fois.

Or mon père a toujours su être horrible avec nous et avec sa femme, ma mère. Ai-je encore envie de décrire comment mon père savait casser une bonne ambiance et combien de fois innombrables, il l’a fait… Je ne sais si cela en vaut vraiment le coup.

Je sais que ce n’est pas parce que l’on connait la cause de sa souffrance, ce n’est pas parce que l’on connait l’origine d’un comportement pris dans l’enfance, que l’on peut se défaire du pli qui nous fait souffrir. Non le travail de la conscience ne s’arrête pas là.

Je reprends cet écrit après deux semaines de pause. Mon père m’ait encore apparu dans une de mes rêves, tout juste avant mon réveil : il m’a laissé le sentiment d’être satisfait de moi, cherchant sans doute la reconnaissance que je ne ai eu de son vivant…

Reprenons ce problème du travail de la conscience : j’ai repris depuis peu une psychothérapie psychanalytique basée sur la musico-thérapie : Pendant la première séance, j’ai pleuré, regrettant d’avoir eu un père si dure, regrettant du fuir toujours dans des délires de science fiction. A peine hier je recevais un mail d’un membre éloigné de la famille Strainchamps faisant référence à un site retraçant l’histoire de notre famille…. Et mes idées d’immortalité m’ont reprises… Le site était en Allemand, je ne comprenais pas tout… Mais était ce important. Le plus important ne serait-il pas d’éviter de se sentir important, d’être mégalomane ou paranoïaque, d’imaginer un grand destin que d’ailleurs l’on fait tout pour ne pas réaliser… Etre conscient au moment où je fuis… mais ce n’est qu’après coup que je m’en rend compte… Je trouve que le temps de latence entre le moment où je fuis et le moment où je fais un retour sur moi, le moment où je deviens conscient, ce temps de latence est de plus en plus court. Mais en même temps les instants où je fuis sont de plus en plus nombreux. Je me répète : mais ces instants de fuite me privent de ma Vie, me privent du chemin que je pourrais emprunter, ils me laissent sur place, immobile et perdu dans un délire dont je ne peux vérifier la véracité.

Car je suis un homme sans histoire : je n’ai pas connu mes grand-parents. J’ai du comme me le disait ma femme hier, j’ai du me faire tout seul, j’ai du me prendre en charge tout seul. Ma femme est dans le même cas. Nos parents eux-mêmes ne s’occupent pas de nos vies. Nous n’avons pas de famille. Nous sommes quatre, ma femme, moi et mes deux enfants, quatre, seuls au monde. Je dois prendre bien soin de moi, faire mes propres choix, sans guide. Drôle de vie.

Comment ne pas fuir, me direz vous ? Ma femme ne fuit pas, elle ! Moi je n’arrive pas à accepter les faits.

Huit mois on passé. Ma psychothérpie d’une heure et demi hebdomadaire me fait bien avancer. Je me sens plus apaisé. Plusieurs séances ont été très difficile mais les deux dernières ont été très satisfaisantes. Je vais essayer de les résumer.

J’ai enfin découvert mon complexe d’Oedipe et fait ma castration symbolique. Le complexe d’Oedipe ce mythe antique mis en scène par sophocle est une image, une métaphore du fonctionnement psychique. S’arrêter aux seuls faits de ce mythe serait comme avoir un discours verbeux qui cacherait la réalité qui pour chacun est unique et différente. Voici donc ma réalité, ma vérité.
J’aimais mon père, je l’aimais comme un fils peut aimer son père, mais la réalité impossible, difficile, stressante de mon enfance m’a fait fuir cette réalité qui ne m’apportait que désamour. J’aurais voulu un père parfait, le père que je rêve dans mes délires, un père parfait à l’égal d’un Dieu unique. Mais ce père n’était qu’un homme comme dans la chanson de Brel et il avait malgré son intelligence qu’il m’a transmise, beaucoup de défaut et celui d’être colérique, instable, grand buveur, répétantson angoisse à haute voix face à ces enfants. Je poursuis, mon raisonnement est loin d’être fini.

Ce père n’était pas parfait, le monde n’était pas parfait : c’est à ce moment là précis que je n’ai su faire ce que les psychiâtres appelle d’un nom barbare : la castration symbolique. Cette castration symbolique chez moi aurait du être à ce moment là, d’accepter que le monde n’EST Pas parfait. En renonçant à un monde parfait je n’aurais pas fui dès mon plus jeune âge la réalité dans des raisonnements créant une autre réalité, fictive, m’éloignant de la réalité et m’enfermant à jamais dans un comportement me poussant à fuir toute émotion, tout ce qui pouvait justement me rappeler que le monde n’était pas parfait. Ainsi le cycle infernal de castration refoulée se refermait sur moi : je fuyais à jamais l’instant présent à vivre en dehors duquel il n’est rien. Jusqu’à fuir dans la délire et la psychose un jour de novembre 1989.

Il m’a fallu 20 ans pour le comprendre.

Aujourd’hui je me sens libéré. Je ne suis plus le jouet d’un fonctionnement psychique dont j’aurai refoulé la cause. Aujourd’ui la cause est là, combien de fois pourtant ma psychiâtre ne l’avait elle touché du doigt sans que je l’entende jamais. Aujourd’hui je sais que le monde ne peut être parfait et que les émotions qui nous font vivants sont issus de son imperfectitudes, de ses variations entre le bonheur et le malheur entre la joie et la tristesse.

Aujourd’hui je suis libre ! Je vis !! Je ressens les émotions ! Je les accepte, je ne les fuis plus !! Je vis !!!