J’écris ce texte pour ma fille. Première de mes enfants elle a comme tous les ainés d’une famille le caractère du père. Ce n’est pas que je m’identifie à elle. Je reconnais chez elle quelques traits de mon caractère.
En particulier je sais que c’est une fille hyper sensible comme je l’étais. De cette sensibilité qui nous fait tout ressentir les choses comme amplifiées.
Je lui dis donc en ce jour : fais de cette sensibilité ta force et que cette force ne se retourne pas contre toi par ta propre volonté qui ne sait encore ce que t’offre cette hyper sensibilité.
Je sais que souvent tu pleures sur ton sort, tes parents qui divorcent, l’internat difficile avec sa promiscuité. Je sais que souvent tu ressent plus fort les moments difficiles que tu vis et qu’il te cache la beauté du jour et l’espoir qui je sais est au fond de toi.
C’est de te savoir triste parfois qui me fait te dire : pense au bonheur que tu as à rire avec tes copines, penses que tu peux vivre à chaque instant des choses positives. Ne nourris pas tes idées noires qui t’empêcherai de vivre et d’aborder avec bonheur l’instant à venir.
Car c’est en ayant des pensées du style “ma mère m’a déçue” et tes termes sont encore plus forts que de toute façon quoi que fasse ta mère tu seras déçue et une éternelle déçue alors que si tu abordes l’instant en ne pensant rien (c’est là le vrai secret) ou dans une moindre mesure si tu abordes la vie en pensant : ma mère est ce qu’elle est et je peux être heureuse avec elle, alors l’instant qui surgira prendra de fait une autre couleur, un autre virage.
Voilà le secret que je veux te confier. La vie pourvoie à tout. Elle fait toujours surgir le meilleur et si nous vivons des misères elles ne sont rien au regard du bonheur qu’il nous reste à vivre.
Ma fille, j’ai connu des moments de solitude intense enfants allongé pendant deux mois sur un lit d’hopital, j’ai connu des douleurs matinales chaque fois que les infirmières piquaient les furoncle de mon dos pour en sortir le pue. Mais jamais je n’ai pensé : je suis le plus malheureux des enfants. Jamais dans me vie d’adulte j’ai pensé un jour même un seul instant : je suis le plus malheureux des hommes.
Crois en ton génie. Crois en toi et croit surtout en la vie. Et la vie t’offrira ce que tu désires. Mais si tu désires, si tu penses des choses négatives, ton hyper sensibilité ne sera pas ta force mais ton plus grand mal.
Crois moi. Je t’aime. Tu es ma fille. Tu es le plus beau cadeau que m’a offert la vie, et comme ton frère, je désire pour vous une vie heureuse sans que vous atteigne jamais le mal dont chacun au fond de soi est sa propre source.