A l’horizon brumeux se profile une proue
Un passage un détroit en la mer éventrée
La guirlande étalée aux insulaires remous
Bientôt nous quitterons le fond de nos vallées
Dans la ville énervée comme une vrille au coeur
A la porte rouillée du laminoir géant
Quand les fumées s’en vont dans le soleil couchant
L’on ne voit plus les gens sur le pas des demeures
L’énorme corps perdu dans l’uniforme ambiant
Le vieillard égorgé à l’établi du temps
La lucarne éclairée qui masque le néant
Dans la chambre fermée nous partirons cent ans
les chemins ensablés sous le bitume enfouis
Ne prenons pas la clef de la modernité
Du moteur vombrissant dans l’atmosphère fêlée
Nous partirons cent ans sans fracas et sans bruit
Un adieu d’ouvrier à l’usine atelier
Qui minait sa tenue le fondant à l’outil
Un retour à la source en l’univers dévié
Un lutin se profile à l’horizon meurtri
Au portail du bonheur un homme tout en noir
Les neigeuses années dans le creux de son coeur
On dégrafe un corsage et le voilà qui pleure
Un homme tout en gris dans la brise du soir
Dans le port déserté il exhume un désir
De salines pensées couleur du iodé vert
De la mer vert de gris que l’on entend gémir
Une coquille en noix de membre ambulacraire
Les vagues envolées des voiles mongolfières
Le sillage et l’écume en le fond de l’oubli
La bride au cou du vent grace aux mains des drapières
La nef en l’océan dans le bleu d’un iris
La contrainte éloignée du rivage occident
Sur la couche du temps en la cabine épris
Nous emportons toujours le rocher permanent
Le promontoir débris encombré de nos vies
Abrité ou perdu sur l’étendu levure
Les yeux brûlés d’horreurs oubliées dans l’abime
Loin de tout, loin de rien, loin de toute verdure
On dérive en chemin vers la marge sublime
Dans le ciel vert et gris entrouvert de bleuté
Naufragés innocents sur la plage univers
Dans le replis sans voie du lagon surbrûlé
Nous trouvons sans savoir le sommet de notre ère
La mer bât les pavés de notre imaginaire
Ainsi s’éveille en nous le rêveur matelot
L’intrépide océan contre vents et coraux
Comme un poisson d’argent s’évaporant dans l’air
Tout soul et doux de plomb nous gagnons l’ombre mousse
Où la coutûme veut que se joue l’étouffé
Puis les bruits inconnus quand le noir se rebrousse
A la lumière d’un sein, de la liquidité
Le mystère effrayant de la virginité
Les contreforts géants élancés vers le ciel
En la moîte atmosphère à l’arome irréel
On jette ces regards de couleurs déchirées
Le macaque en l’écho répond au perroquet
En la mamelle et lait d’un insecte rongeur
L’équateur caténaire est le monde bouquet
Que la hâche assaillit dans la main des briseur
L’hippocampe étalon à cette heure qu’on écorne
Oublié rayonnant sur les trottoirs vermeils
Et l’appel étranger de notre mère licorne
Ilots déshérités maigres feux de sommeils
On entend battre et sourdre en nous la source vie
Qui coule au creux des reflets poisssonneux
La triangle lumière où la poussière reluit
Le silence éclaté des insectes fiévreux
Le gigantesque oubli qui jusqu’ici règnait
Sur le sol détrempé de mystères d’alluvions
Pauvre pierre capitale sur qui le temps passait
Fissuré sous l’assaut des vaisseaux des nations
Une toile étalée et l’étoile envahie
Sur le sable avili par nos bottes foulé
Un être à reculons va mourir sans un cri
Un singe a retourné l’immonde sablier
Les échelons gradués sans cime et sans début
Un édredon crevé de clameurs et de bruits
Les éléments menés dans le tout reconnu
L’évolutif objet s’élève jour et nuit
Ils ont coupé tes bras pour édifier leurs tours
Etrange volonté qui divise mon coeur
Ils ont déviés détruit le lit du temps des cours
Et je suis le produit au conflu de douleur
Une inutile main s’abât sur le présent
Un corps grimace au ciel sa retraite épuisée
Les iles abolies, la nature éléphant
Succombent aux butoirs de l’inhumain ganté
Cette lampe allumé le pâle feu follet
A la lumière du jour que je mène en chemin
L’îles aux chaveux déliés est le fond de l’humain
Tout change et se transforme au sein de nos reflets
Le verbe monte à moi et bulle à la surface
Les devoirs jugements ne nous ternirons pas
Le monde peut errer je suis entre ses bras
Petit filet de sang que l’on suit à la trace
Et les larges effrois des rencontres sans lieu
Les pulpeux fruits dorés de l’imagination
Sous les flots répétés de l’amour et des cieux
Préparons préparons notre disparition.
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