Le champ de mes incantations (Ecrit du 16 au 29 Mars 1989) – Idfolles

Le champ de mes incantations (Ecrit du 16 au 29 Mars 1989)

A l’horizon brumeux se profile une proue

Un passage un détroit en la mer éventrée

La guirlande étalée aux insulaires remous

Bientôt nous quitterons le fond de nos vallées

Dans la ville énervée comme une vrille au coeur

A la porte rouillée du laminoir géant

Quand les fumées s’en vont dans le soleil couchant

L’on ne voit plus les gens sur le pas des demeures

L’énorme corps perdu dans l’uniforme ambiant

Le vieillard égorgé à l’établi du temps

La lucarne éclairée qui masque le néant

Dans la chambre fermée nous partirons cent ans

les chemins ensablés sous le bitume enfouis

Ne prenons pas la clef de la modernité

Du moteur vombrissant dans l’atmosphère fêlée

Nous partirons cent ans sans fracas et sans bruit

Un adieu d’ouvrier à l’usine atelier

Qui minait sa tenue le fondant à l’outil

Un retour à la source en l’univers dévié

Un lutin se profile à l’horizon meurtri

Au portail du bonheur un homme tout en noir

Les neigeuses années dans le creux de son coeur

On dégrafe un corsage et le voilà qui pleure

Un homme tout en gris dans la brise du soir

Dans le port déserté il exhume un désir

De salines pensées couleur du iodé vert

De la mer vert de gris que l’on entend gémir

Une coquille en noix de membre ambulacraire

Les vagues envolées des voiles mongolfières

Le sillage et l’écume en le fond de l’oubli

La bride au cou du vent grace aux mains des drapières

La nef en l’océan dans le bleu d’un iris

La contrainte éloignée du rivage occident

Sur la couche du temps en la cabine épris

Nous emportons toujours le rocher permanent

Le promontoir débris encombré de nos vies

Abrité ou perdu sur l’étendu levure

Les yeux brûlés d’horreurs oubliées dans l’abime

Loin de tout, loin de rien, loin de toute verdure

On dérive en chemin vers la marge sublime

Dans le ciel vert et gris entrouvert de bleuté

Naufragés innocents sur la plage univers

Dans le replis sans voie du lagon surbrûlé

Nous trouvons sans savoir le sommet de notre ère

La mer bât les pavés de notre imaginaire

Ainsi s’éveille en nous le rêveur matelot

L’intrépide océan contre vents et coraux

Comme un poisson d’argent s’évaporant dans l’air

Tout soul et doux de plomb nous gagnons l’ombre mousse

Où la coutûme veut que se joue l’étouffé

Puis les bruits inconnus quand le noir se rebrousse

A la lumière d’un sein, de la liquidité

Le mystère effrayant de la virginité

Les contreforts géants élancés vers le ciel

En la moîte atmosphère à l’arome irréel

On jette ces regards de couleurs déchirées

Le macaque en l’écho répond au perroquet

En la mamelle et lait d’un insecte rongeur

L’équateur caténaire est le monde bouquet

Que la hâche assaillit dans la main des briseur

L’hippocampe étalon à cette heure qu’on écorne

Oublié rayonnant sur les trottoirs vermeils

Et l’appel étranger de notre mère licorne

Ilots déshérités maigres feux de sommeils

On entend battre et sourdre en nous la source vie

Qui coule au creux des reflets poisssonneux

La triangle lumière où la poussière reluit

Le silence éclaté des insectes fiévreux

Le gigantesque oubli qui jusqu’ici règnait

Sur le sol détrempé de mystères d’alluvions

Pauvre pierre capitale sur qui le temps passait

Fissuré sous l’assaut des vaisseaux des nations

Une toile étalée et l’étoile envahie

Sur le sable avili par nos bottes foulé

Un être à reculons va mourir sans un cri

Un singe a retourné l’immonde sablier

Les échelons gradués sans cime et sans début

Un édredon crevé de clameurs et de bruits

Les éléments menés dans le tout reconnu

L’évolutif objet s’élève jour et nuit

Ils ont coupé tes bras pour édifier leurs tours

Etrange volonté qui divise mon coeur

Ils ont déviés détruit le lit du temps des cours

Et je suis le produit au conflu de douleur

Une inutile main s’abât sur le présent

Un corps grimace au ciel sa retraite épuisée

Les iles abolies, la nature éléphant

Succombent aux butoirs de l’inhumain ganté

Cette lampe allumé le pâle feu follet

A la lumière du jour que je mène en chemin

L’îles aux chaveux déliés est le fond de l’humain

Tout change et se transforme au sein de nos reflets

Le verbe monte à moi et bulle à la surface

Les devoirs jugements ne nous ternirons pas

Le monde peut errer je suis entre ses bras

Petit filet de sang que l’on suit à la trace

Et les larges effrois des rencontres sans lieu

Les pulpeux fruits dorés de l’imagination

Sous les flots répétés de l’amour et des cieux

Préparons préparons notre disparition.

Ce poème reçoit pas mal de visite ces derniers temps, alors laissez moi vos commentaires