Fictions de famille (3) – Idfolles

Fictions de famille (3)

J’ai de la chance, oui j’ai de la chance par rapport à mes congénères. Pour quelles raisons je ne le sais pas. Je n’ai pas un destin extraordinaire, mais je crois que c’est aussi une chance. Je ne suis pas très exposé et j’ai beaucoup de temps pour rêvasser ou désespérer de ne rien faire. Ma femme est le pilier de notre famille.

Oui j’ai de la chance d’être préservé encore (pour combien de temps je ne sais) de la dureté de la vie, d’être préservé des combats, des luttes pour la vie. Je ne sais pas pourquoi. Tout me semble facile, le temps s’écoule mais ne me pèse plus et si parfois je déprime de ne rien faire, je sais que c’est plutôt satisfaisant, de ne rien faire.

Les questions : jusqu’à quand. et pourquoi ?

Je suis sur un petit nuage. Je m’imagine une réponse au pourquoi : car je ne rêve pas de m’inscrire dans le mouvement de la société.

Ma femme travaille beaucoup. C’est étonnant, un étonnement toujours renouvelé et mêlé de tristesse, de voir combien les hommes se tirent dans les pattes dans le boulot. Les ragots, les denonciations, les récriminations, tout cela est légion. Ma femme et moi nous nous sommes bien trouvés. Le dicton “qui se ressemble s’assemble” est fait pour nous. Souvent nous arrivons aux mêmes conclusions : nous ne sommes pas fait pour cette société. Mais c’est elle qui est sans doute en première ligne. Moi je suis beaucoup plus protégé. Sa chance à elle c’est de m’avoir trouvé sur son chemin.

(La rencontre à narrer)

Je voudrais bien gagner au loto mais je sais bien que la chance de gagner est infime. Je ne sais pas pourquoi mais j’imagine aussi que gagner marquerait aussi la fin de ma tranquillité. En termes mathématique je gagne implique la fin de ma tranquillité équivaut à je suis tranquille implique que je ne gagne pas. Ah les mathématiques n’est ce donc pas aussi simple ! Mais on ne peut pas conclure abusivement je perds ma tranquillité implique que je gagne…. Mais ne suis-je pas dans une tranquillité intranquille. Etrange non. Ces deux états intriqués comme deux états quantiques. Et personne pour me dire dans quel état j’erre.