L’attente c’est le contraire de tenir, de tenir contre soi l’objet ou le sujet de ses désirs. L’attente c’est ne pas avoir la volonté de faire le pas qui vous rapproche de l’objet de votre désir.
Ceux qui attendent le savent bien. Ils peuvent encore attendre longtemps leur disent ceux qui sont toujours en mouvement.
Pourquoi attendre ? A cette question je ne sais pas répondre. Sinon je n’attendrais pas.
Qu’attendre ? Je ne le sais même plus.
Le pourquoi et le quoi sont muets. Il ne reste que cette sensation d’attendre qui m’occupe.
Il me vient une réponse : j’attends des réponses et je ne veux pas les chercher. Je les attends.
Pourquoi attendre, pourquoi ne pas se mettre en chemin et chercher.
Ce que j’ai obtenu je ne l’ai pas cherché, il est venu à moi à point nommé. Il m’a satisfait.
Ce que l’on attend ne surgit pas. Il est comme un rêve qui s’efface au matin.
En fait il me semble que mon immobilité peut apparaître comme une attente. Je suis en fait le spectateur extérieur.
Je ne cherche plus rien, je n’attends plus rien.
On dit souvent des mots, des phrases pour se rassurer, pour se persuader d’une chose. Les vérités que l’on énonce sont éphémères.
On oscille entre différents états. On attend, on désire, on recherche, on agit. Et celui qui ressent cette alternance n’attend qu’une chose : la réponse à sa question : pourquoi osciller.
Je reprends ce texte.
Car tout n’est qu’oscillation, car tout n’est qu’alternance. Car toute mesure entraîne comparaisons incessantes et donc alternance, différences.
Or la question est : ces écarts, ces alternances ne sont ils pas qu’une illusion.
Et là survient une vérité qu’il est trop dur d’avaler : cette illusion nous masque la réalité du néant d’où elle naît.
Et devant cette vérité les bras m’en tombe : je ne vois pas pourquoi j’entretiendrais un instant de plus une illusion. Le 29 novembre 1989 j’ai vécu ce moment où la réalité physique a disparue. Mais j’en suis persuadé ce n’était pas du à ma propre volonté.
Depuis j’attends, j’attends… On, je ne sais qui, je ne sais quelle puissance de ce monde m’a fait touché du doigt la vérité et depuis ce moment là ma volonté de faire toucher du doigt autrui cette vérité n’a cessé de me préoccupper, tout en sachant son impossibilité.
J’attends un geste qui ne viendra pas. Ces puissances me l’ont dit : ma volonté est peine perdue. Quand le 29 novembre 1989 j’ai rejoint à nouveau cette illusion que l’on appelle réel, j’ai ressenti une grande tristesse et l’attente à commencée.