Cet homme là touche à tout, cet homme là joue tous les jours un peu plus à trafiquer, à modifier, à tester jusqu’au cœur du vivant tous les codes possibles. Il ne sait pas les tenants et les aboutissants, il expérimente. Cet homme là je le vois bien s’approche et je suis pourtant toujours si loin de lui. Je ne joue pas dans la même cour que lui.
Ma cour c’est celle de l’enfance que je n’ai pas quittée. C’est l’enfance des rêves devant la cour des grands qui savent tant et si bien se montrer en magicien du quotidien, les codeurs affirmés. Mais ils sont là à me regarder et ne sont ils pas un peu tous étonnés que ce grand corps là si enfantin fasse aussi des miracles.
Comme chantait Brassens dans les croquants :
“Les croquants, ça les attriste, ça
Les étonne, les étonne
Qu’une fille, une fille belle comme ça
S’abandonne, s’abandonne
Oui je détourne ce poème et je le fais miens. Ce n’est pas vraiment que j’abandonne, non je ne renonce pas mais la vie est ainsi faite… A quarante ans les mauvaises et fâcheuses habitudes nous entraînent toujours sur le même chemin.
Je ne suis pas encore mûr, mûr pour donner le fruit de ma vie quand pourtant je suis à la moitié du chemin.
Mes idées je m’en défie, je sais trop que les contraires coexistent sans fin et qu’une idée n’est pas une vérité établie mais juste un vent changeant au gré du temps.
A cet instant je pense à ceux qui ont faim, à ceux qui n’ont plus de maison, à ceux qui ne peuvent plus penser car la douleur annihile la pensée et je dis simplement : que puis-je faire pour eux. Combattre les puissants qui sont légions et repoussent toujours comme la mauvaise graine dans un champs. C’est un rêve pour plus tard ???
Aujourd’hui je regarde mon nombril. Et pour combien de temps encore ?
Je dis je. Remplacer tous les pronoms je par tu vous ils nous. Que le centre soit partout et la périphérie nulle part !! Comme l’écrivait Blaise Pascal.
Ce soir que sais je ? Sais tu vraiment ce qui me fait vivre encore ? Réduit à cette expression. Alors je rêve, je rêve encore les rêves éveillés d’une terre bien grasse sous la pluie de l’automne. Alors je rêve de coder, coder ce que je suis, ce que vous êtes, ce qu’ils sont, ce que nous sommes, je rêve car je n’ai pas les moyens de faire autre chose ou je ne veux pas les obtenir ou je ne peux pas les obtenir.
Peu importe. Demain je corrige quelques copies, je fais mon pain quotidien. Nous verrons bien disent les Africains.