Dans ce monde si stable une idée, un film, vient perturber le calme, le faux calme d’un temps fait d’illusion.
J’ai rêvé que j’étais depuis la nuit des temps, le même, un jour réduit au nouveau né, un jour enfant, un jour renaissant à ce que j’ai toujours été. Prenez ces mots au tout premier degré. Dans ma folie je suis persuadé que l’on peut maintenir un homme dans l’état psychique que l’on veut : mort ou vivant.
Mais l’on a trop peur des vivants car ils apportent le changement et le changement perturbe ce monde si stable dans lequel vivent les morts-vivants.
Je ne sais si je suis vraiment vivant. Je sais seulement que ma conscience refuse de croire à ce qu’elle n’a pas vu de ses yeux, touché de sa main, compris dans son entier ; que ma conscience refuse ce monde si stable.
Mais ce monde est confortable, même pour moi.
Alors si dans un premier mouvement je voudrais le voir voler en éclat, je sais bien que la vérité, la lumière hors de la caverne, une fois dévoilée, éblouit et nous rend aveugle. La vérité n’est bonne que pour celui qui en prend conscience, que cette conscience soit venue dans la solitude ou non. Entre gens conscient elle peut être la vérité mais en aucun cas l’être pour ceux à qui elle ne s’est pas révélée.
Ainsi doit mourir ma colère. Cette colère que je nourris des erreurs qui me semblent si évidentes, persuadé d’avoir raison, par intuition, par conditionnement, par choix.
Ainsi doit mourir ma colère, et comme un sage, enfin connaître la paix, non pas la paix de la résignation ou du renoncement, la paix d’exister, d’être avec les limites de ce monde, la paix de ne pas tout savoir, la paix de plus imaginer l’impensable, la paix d’être un homme qui fait un pas puis un autre pas, qui parfois reste immobile devant la tâche, mais plus fort que tout croit dans l’homme qu’il rêve, et qui naît au monde un peu plus chaque jour