Longtemps j’ai été sourd aux critiques. J’avançais tel un mégalomane oubliant les autres et parlant uniquement de ma problématique interne. Dépressif de surcroit, je dépréciais ce que j’étais, et de ligne en ligne j’accumulais mon désespoir ne trouvant que quelques mots à répéter tel inutile, ou encore révolte, et quelques idées folles mêlant le goût du regret et des remords.
C’était juste une introduction. Si vous avez été jusque là, si vous pouvez dépasser ces mots et trouver maintenant “une vie au service des autres”, vous êtes le bienvenu.
J’ai emmené ma fille Dimanche dernier à un concert de piano et de harpe. La jeune harpiste m’a très vite ému aux larmes. Le pianiste était trop virtuose pour moi. Ma fille était fatiguée.
Oui il faut vraiment que ça cesse, cette attitude forcée, cet apitoiement sur soi. Cesser ces aller-retour entre optimisme et désespoir et faire de ces quarante ans à venir “une vie au service des autres”
Pour commencer ne pas laisser mes enfants livrés à eux-mêmes et faire passer à ceux qui me côtoient les valeurs auxquelles je crois.
Je le sais, ces premières lignes sont naïves et sincères. J’ai toujours été “naïf et sincère” comme une chanson à la Souchon….
Mais pourquoi ne pas accepter tout simplement d’être ce que vous êtes dirait une personne de bon sens. Vos pensées tournent autour de vous. Vous êtes désespéré et vous avez beau cherché dans votre passé vous ne savez pas dépasser cet état dans l’état.
Alors j’écris, j’écris comme d’autres vivent, j’écris mes humeurs et je continue mes erreurs
Mais être déprimé est une maladie, que les mots n’arrivent pas à guérir. Ma femme me dit souvent : ” tu changes d’humeur d’heures en heures. Tu arrives à faire ton travail de professeur, c’est déjà ça. D’autres qui sont malades comme toi sont de véritables inadaptés et n’ont pas de vie social. Ton désespoir est chronique chez toi. A force de l’écouter j’ai compris qu’il ne fallait pas y prêter trop attention. C’est quand tu es seul, livré à toi même que tu es le plus déprimé. Quand tu es au travail, face à tes élèves tu oublies ton désespoir. Tu dois donc te ratacher à ça, ton travail, c’est ton meilleur médicament.”
Egocentrique sujet, je connais la solitude. Cette solitude m’immobilise. Ce samedi matin, comme d’habitude, j’ai emmené mes enfants à l’école, ma femme fait ses courses et moi je reste seul, écoutant Moustaki, et tapotant sur ce clavier, qui ne rend aucune note qui ne viendrait me sortir de ma solitude.
Ce là fait 8 ans que mon père est mort et quand je m’endors certains soirs quelques larmes coulent de mes yeux sans effort en pensant qu’il serait peut-être le seul à me comprendre même outre-tombe. Et pourtant n’est-il pas responsable de cette culpabilité qui m’occupe quand je m’observe immobile et fainéant, quand d’autres autour de moi sont si occupés…
Je l’ai déjà écrit : la douleur vient quand on devient conscient de son état.
Ma femme me dit très souvent, comme elle cotoie la maladie en tant qu’infirmière : ” tu sais, tu ne devrais pas te plaindre tout le temps, il y a des gens bien plus malade que toi, des diabétiques, des maladies orphelines. Finalement dis toi que tu as de la chance, tu t’en sorts pas si mal que ça !”
Eh oui ! Je tourne autour du pot. Il me manque encore le déclic, une dernière pièce au puzzle pour que je tourne la page, pour qu’enfin je mette ma vie au service de celles des autres. Car c’est là le vrai sens de la vie : être au service des autres, donner, être en relation avec…