Il est des gens surtout qui attendent en rêvant, si j’en suis je le crains, je ne veux plus en être et naître un nouveau jour où dans ma solitude je n’attends plus d’autrui ce que je peux donner.
La solitude est une maîtresse exigeante : vous ne pouvez certain subir une attente sans fin mais découvrir en vous le ressort grippé qu’un jour on démonta ou que vous démontâtes.
Et sur ce beau discours je vous laisse et délaisse et je reviens à cette langue folle que découvrit Soupault et que je tiens pour vrai, tous ces mots que l’on dit sans y penser vraiment pour découvrir ainsi l’inconscient de nos vies, ce territoire toujours vierge qui n’a pas de frontière, cette sphère dont le centre est nul part et la surface infini dont nous parlait Pascal 300 ans avant Riemann.
Il est des mots soudains comme une fleur de cactus, il est des mots certains dont on oublie le goût à force de les voir et pourtant au printemps les femmes dans les rues nous étonnent toujours.
C’est de voir en toute chose une rose nouvelle, une pose incertaine qui rend le temps soudain comme à jamais sans poids et sans chagrin, cette utile variable qui s’efface soudain, comme naît un enfant qui jamais n’existât et qui fera dans ce monde un nouveau champs, un nouveau chant réel.